Voici l’intégral d’une entrevue réalisée par Silvia Cattori avec Laura Knight-Jadczyk et Henry See (éditeurs du livre Ponérologie Politique
d’Andrzej Lobaczewski) au sujet de la psychopathie et de la ponérologie
telle que décrite par A. Lobaczewski. Nous retrouvons dans cette
entrevue de nombreux éléments clés nécessaires à la compréhension de
l’état actuel du monde. Un incontournable. (Emphases et commentaires
Zone-7)
Silvia Cattori : Voici ce qu’un psychiatre suisse nous a confié après avoir lu » Ponérologie politique « [1]
: « Je n’ai jamais lu nulle part ailleurs ce dont parle Andrzej
Lobaczewski, aucun livre n’a jamais traité ce sujet de cette manière. Il
m’a immédiatement été utile dans le cadre de mon travail. Ce que M.
Lobaczewski affirme sur les comportements pervers/pathologiques – les
conflits en entreprise tout comme dans la sphère politique où l’on
dénombre de plus en plus de conflits et de plus en plus de pervers
caractériels – m’a immédiatement permis de mieux comprendre, par
exemple, le fonctionnement de ces individus qui créent des conflits au
sein de leur travail et qui, où qu’ils aillent, polluent l’atmosphère »
Cela dit, pourquoi avoir choisi un titre aussi hermétique pour un livre
qui devrait non seulement intéresser les psychologues et les
psychiatres, mais tout un chacun ?
Laura : Tout d’abord, je tiens à dire qu’il existe un lien émotionnel très intense entre le Dr Lobaczewski et nous. Nous l’avons contacté au sujet de l’entretien que vous vouliez réaliser. Il est très âgé et en très mauvaise santé depuis plus d’un an. Il regrette de ne pouvoir vous répondre personnellement ; il a tenté de le faire, mais à l’heure actuelle, il n’a même pas la force de rédiger plus que de brèves réponses à des questions écrites. Et même dans ce cas, il s’épuise et son attention se disperse au bout de quelques minutes de concentration. Nous voulons vraiment protéger sa santé et son bien-être, mais nous voulons aussi satisfaire aux demandes de réponses concernant ces questions importantes. Il nous a confirmé qu’il avait toute confiance en notre compréhension du sujet. Il a répété ce qu’il nous a dit quand il nous a contactés pour la première fois : à savoir qu’il cherchait quelqu’un qui allait dans la même direction, quelqu’un à qui il pourrait remettre son travail – en quelque sorte repasser le flambeau – de même que tout le travail qui lui avait été transmis par d’autres. Notre travail, répondait à ces critères.
Ceci étant dit, je vais répondre à votre question. Pourquoi Lobaczewski a-t-il choisi ce titre ?
Le
premier point est qu’à l’origine, cet ouvrage était une série de
documents techniques et universitaires provenant de sources diverses.
Comme l’auteur l’explique dans son introduction, la majeure partie de
cet ouvrage ne vient pas de lui, il en est juste le compilateur. Les
universitaires ont tendance à choisir pour leurs articles des titres
rédigés dans une terminologie abstraite, et les scientifiques
considèrent qu’il est de leur prérogative de créer de nouveaux termes
pour décrire leurs découvertes (par exemple, l’invention de mots comme
quarks, muons, leptons, etc. par les physiciens), donc en ce sens, le
titre se justifie entièrement.
Le terme « ponérologie » est un concept théologique qui signifie « étude du mal ».
Andrzej Lobaczewski le savait, et il a décidé de récupérer et de
réhabiliter ce mot pour en faire un usage scientifique, puisqu’il se
trouve que notre science ne possède absolument aucun mot pour définir
l’étude du » mal » en tant que tel. Nous en avons pourtant besoin.
Henry : Quand le Dr Lobaczewski nous a envoyé son manuscrit, nous fûmes stupéfaits.
Nous étions préoccupés par cette question : pourquoi,
quel que soit le niveau de bonne volonté qui se manifeste dans le
monde, y a-t-il autant de guerres, de souffrances et d’injustices ? Peu
importe les plans, idéologies, religions ou philosophies conçus par les
grands esprits, rien ne semble améliorer notre sort. Et c’est comme cela
depuis des milliers d’années, cela ne cesse de se perpétuer encore et
encore.
Nous faisions aussi des recherches sur le
problème de la psychopathie depuis plusieurs années et avions publié de
nombreux articles sur le sujet sur nos sites Web. Pour les besoins de la
recherche, nous avions également retranscrit une version informatique
du très riche ouvrage sur la psychopathie rédigé par le Dr Hervey
Cleckley, The Mask of Sanity, avec la permission des propriétaires du copyright, cet ouvrage étant épuisé.
Étant
donné la richesse et l’importance de ce texte, nous l’avions rendu
disponible gratuitement par le biais du téléchargement. Nous avions donc
une bonne base de références sur la question et avions dans l’idée que
la situation terrible à laquelle cette planète et ses habitants étaient
confrontés pouvait avoir un lien avec la question de la psychopathie.
Laura
: Permettez-moi d’ajouter que la raison pour laquelle nous faisions des
recherches sur la psychopathie était, comme nous l’avons mentionné plus
haut, que nous avions été nous-mêmes confrontés au phénomène.
Nous étions engagés dans un travail avec d’autres personnes, et les phénomènes abordés dans Ponérologie
– en rapport avec les groupes et la façon dont ceux-ci sont corrompus
par des déviants pathologiques s’infiltrant dans un groupe sous l’aspect
de la normalité – nous étaient très familiers sur une petite échelle
sociale.
Nous avions observé ces phénomènes et avions eu affaire à
eux à de nombreuses reprises, bien qu’au début, nous ne fissions que
naviguer au jugé. Nous savions qu’il se passait quelque chose d’étrange,
seulement nous ne savions pas encore le nommer ou le catégoriser. Nous
avions trouvé certaines dénominations et catégorisations dans des textes
sur la psychopathologie, mais ils n’abordaient pas la dimension
sociale.
Henry : Mais l’ouvrage « Ponérologie Politique » présente le sujet d’une manière radicalement différente des autres textes sur la psychopathie, en suggérant que l’influence
des psychopathes et autres déviants n’est pas qu’une simple influence
parmi tant d’autres affectant la société, mais que, si les circonstances
sont favorables, elle détermine la manière dont nous vivons, ce que
nous pensons, et la façon dont nous jugeons ce qui se passe autour de
nous.
Quand on comprend la véritable nature de
cette influence : qu’elle est sans conscience, sans émotion, égoïste,
froide et calculatrice, dénuée de tous standards moraux ou éthiques, on
est horrifié, mais en même temps, tout commence à s’éclairer
soudainement.
Notre société perd de plus en plus son âme
parce que les personnes qui la dirigent et qui donnent l’exemple sont
sans âme – ils n’ont littéralement aucune conscience.
Quand vous
en venez à comprendre que les rênes du pouvoir politique et économique
sont entre les mains de personnes sans conscience qui ne possèdent pas
de faculté d’empathie, cela permet de regarder ce que nous appelons le « mal » d’une façon totalement nouvelle. Le mal n’est plus seulement une question morale ; il peut alors être analysé et compris scientifiquement.
Avec M. Lobaczewski, le mot « Ponérologie »
a été purgé de ses connotations religieuses – un contexte au sein
duquel il n’a jamais fait de bien à la société dans son ensemble.
Ce
mot désigne la science du mal, de la compréhension scientifique de ses
origines, et de la façon dont, telle une maladie, il peut « infecter »
les individus et les sociétés.
Lorsque les législateurs et les
grands patrons du monde des affaires sont des psychopathes, leur façon
de penser et de raisonner – leur « moralité » – devient la culture et la
« moralité » communes des populations qu’ils gouvernent.
Quand cela se produit, le mental de la population est « infecté »
de la même façon qu’un agent pathogène infecte un corps physique. La
seule manière de nous protéger contre cette pensée pathologique est de
nous « vacciner » contre elle, et cela se fait en apprenant le
plus possible de connaissances sur la nature de la psychopathie et sur
son influence sur nous.
Fondamentalement, cette « maladie » particulière prospère dans un environnement où son existence même est niée, et où ce déni est planifié et délibéré.
Bien
que le titre du livre semble hermétique, il faut le comprendre dans le
contexte de la grande difficulté qu’a eue Andrzej Lobaczewski à faire
publier son ouvrage [2]. Le manuscrit est resté dans un tiroir pendant
plus de vingt ans. Il a été écrit pour un public professionnel, et le
titre a été choisi en fonction de cela. C’est aussi la raison pour
laquelle le texte lui-même est très dense, et le titre reflète
exactement le fait qu’il n’a pas été écrit pour un public profane. Il a
été écrit pour des professionnels et dans un style intellectuel
reflétant son contexte originel. C’est pourquoi, nous sommes
actuellement en train de rédiger une version qui puisse rendre ses idées
plus facilement accessible au grand public.
Silvia Cattori : M.
Lobaczewski a étudié le fonctionnement de ces personnes non pas d’un
point de vue politique, mais psychologique. Ce faisant il est arrivé à
déterminer la manière dont des idéologues et des agents disposant de
pouvoirs répressifs, malgré leur inhumanité, en arrivent à obtenir
l’adhésion de larges populations. Tout le monde n’a-t-il pas un fond
pervers/pathologique, des périodes de vie marquées par une existence
perverse/pathologique ?
Henry : Tout d’abord, il faut souligner que les « fous » n’ont pas besoin de l’adhésion de larges populations, mais seulement d’une minorité puissante qui puisse à la fois « orienter » la population et la contrôler.
Regardez
les sondages aux États-Unis. Cela fait des années que la popularité de
Bush se maintient autour de 30% – et il s’agit de la population dans son
ensemble. Mais parce que Bush est soutenu par une minorité très
puissante – les gens qui détiennent les médias, l’industrie de
l’armement et ses soutiens au sein de l’armée, les compagnies
pétrolières, etc. -, le mécontentement populaire ne compte pas. Et du
moment que la politique de Bush n’affecte pas négativement l’Américain
moyen de façon trop flagrante, celui-ci ne se sent pas suffisamment
menacé pour vouloir y changer quelque chose.
Laura
: Aux États-Unis – et ailleurs dans le monde – même le peuple le plus
oppressé et le plus injustement traité est facilement contrôlé par la
peur et la crainte de perdre le confort matériel auquel il a accès :
divertissements, sports, jeux, etc. Même l’échec du système éducatif,
médical et des garanties sociales ne pousse pas les gens à réellement
remettre la situation en question. Nous avons affaire – pour reprendre
les termes d’Aldous Huxley – à une dictature scientifique : du pain et
des jeux.
En bref, la plupart des Américains sont conscients de
leur oppression et l’expriment dans les sondages, mais ceux qui sont au
pouvoir ont réussi à les droguer avec une pléthore de distractions – la
peur et le plaisir – suffisantes pour les garder sous contrôle.
Henry
: Il y a la carotte et le bâton. Tant que les gens peuvent continuer à
vivre dans l’illusion, ils le font. Quand l’illusion commence à se
fissurer, alors le pouvoir actionne le bâton.
Laura
: Les gens ont peur de faire des vagues par crainte de perdre ce qu’ils
ont, de perdre leur tranquillité, de devoir faire des efforts pour
résister. Après tout, cela leur prend tout leur temps de maintenir
l’illusion, ils doivent trimer quotidiennement pour éviter qu’on leur
reprenne leur 4×4, et ils veulent avoir du temps pour le match de
football du samedi.
Henry : Ils s’imaginent aussi
que de toute façon Bush n’a plus que quelques années devant lui. Le
système s’auto-régulera. Le livre de Lobaczewski nous montre pourquoi
cette façon de penser est extrêmement naïve. Le système qui est
en place est un système pathologique qui est en désaccord profond avec
la manière d’être ou la nature de la plupart des gens. Les gens
de conscience sont dirigés par des gens sans conscience. Ce fait
constitue l’injustice primordiale, et il est la base des autres maux de
la société.
Laura : Ce système est resté secret
pendant de nombreuses années parce qu’il y avait encore des gens de
conscience qui se trouvaient à des postes élevés, mais avec le temps,
ils ont tous été remplacés ou mis à l’écart d’une manière ou d’une
autre, et maintenant la pathologie du système est à découvert, mais
personne ne s’en soucie. Si vous regardez l’Histoire de ces cinquante
dernières années, vous découvrirez que pratiquement tous les personnages
publics qui sont morts tragiquement avaient une conscience, se
souciaient du peuple, et avaient suffisamment d’influence pour causer
des problèmes aux individus de type pathologique.
Henry
: La seconde partie de votre question est très importante, parce que
c’est cette idée que nous sommes tous plus ou moins pervers ou
pathologiques, que nous avons tous une part d’ombre – selon les termes
de Jung – qui sert de support majeur au système pathocratique et permet
aux psychopathes de se cacher parmi la population générale. On nous a
convaincus que nous n’étions tous que des animaux et que tout le monde
était capable de devenir un Hitler, un Bush ou un Mengele, si les
circonstances s’y prêtaient. Nous y croyons parce que dans notre vie
nous avons tous fait des choses dont nous avons honte, pour lesquelles
nous avons des remords. Nous connaissons ces pensées qui nous viennent
dans des moments d’intense émotion, des pensées que nous ne voudrions
pas que les autres connaissent ou entendent. Nous sentons que nous avons
cette part d’ombre en nous, une part de nous-mêmes dont nous ne sommes
pas fiers. Parce que nous ressentons ce sentiment de honte et de remords
concernant cet aspect de nous-mêmes, nous projetons sur les autres
cette capacité. Faire une telle projection revient à commettre l’erreur
fatale.
Cela soulève deux questions. Premièrement, il existe une
différence énorme entre quelqu’un qui, par exemple, dans le feu d’une
dispute avec son partenaire, perd son self-control et abuse physiquement
ou psychologiquement de cette personne et quelqu’un qui accomplit la
même chose froidement, avec calcul et préméditation. Il s’agit dans les
deux cas de mauvaises actions. Je n’essaie pas de minimiser les abus
commis dans un moment d’émotion. Mais cette même personne, celle qui
perd le contrôle momentanément, serait incapable de calculer et de
planifier froidement cet acte. En son for intérieur, quelque chose
reculerait face à cette idée. Chez le psychopathe, cette voix de la
conscience n’existe pas. Les psychopathes sont capables de comploter le
génocide d’un peuple, comme celui des Palestiniens ; les personnes de
conscience n’en sont pas capables. Une personne peut être tuée dans le
feu d’une dispute. Plusieurs milliers peuvent mourir en raison d’un
froid calcul.
Laura : Une manière de comprendre
cela est de considérer les études qui montrent que chez les
psychopathes, non seulement les taux de crimes violents sont plus
élevés, mais aussi que les types de crimes violents qu’ils commettent
diffèrent de ceux qui sont commis par les non-psychopathes. Une étude a
montré que deux tiers des victimes de psychopathes étaient des hommes
étrangers [à la famille - NdT] tandis que deux tiers des victimes de
non-psychopathes étaient des membres de la famille féminins ou des
connaissances féminines – des crimes passionnels. Les gens normaux
peuvent commettre des actes de violence quand ils sont en état d’extrême
bouleversement émotionnel, mais les psychopathes choisissent avec
sang-froid leurs victimes dans un but de vengeance ou de punition, ou
pour atteindre quelques objectifs. C’est à dire que la violence
psychopathique est instrumentale, un moyen d’arriver à ses fins – elle
est prédatrice.
Henry : Deuxièmement, dans une société dominée par « les valeurs pathologiques »,
si on peut utiliser cette expression, l’existence d’un petit groupe de
gens sans conscience promouvant une culture de la cupidité et de
l’égoïsme crée un environnement au sein duquel ce qui est pathologique devient la norme.
Dans
une société (comme les États-Unis aujourd’hui), où le président peut
mentir en toute impunité sur des questions de vie ou de mort, un
environnement pathologique est créé, au sein duquel le mensonge devient
acceptable. La violence est acceptable. La cupidité est acceptable. Cela
fait partie intégrante de l’idéologie du Rêve américain : tout le monde
peut réussir, peu importe ceux à qui vous devrez faire du mal pour y
arriver. Et c’est par les actes qu’ils doivent commettre pour réellement
réussir que les germes de la pathologie sont semés. Dans cet
environnement, les gens de conscience qui sont faibles et influençables
endossent les caractéristiques du type pathologique afin de survivre et
de réussir. Ils voient que leurs dirigeants mentent et trichent, et ils
en déduisent que s’ils veulent avancer, alors ils peuvent eux aussi
mentir et tricher.
Laura : J’appelle cela la « Culture officielle ».
Linda Mealeyn du Département de psychologie du College of St. Benedict à
St Joseph dans le Minnesota suggère qu’une société fondée sur la
compétition – le capitalisme, par exemple – est une société où la
psychopathie est adaptative et à des chances de s’accroître.
La
psychopathie est une stratégie de vie adaptative qui réussit extrêmement
bien dans la société américaine, et qui a donc augmenté au sein de la
population. En outre, conséquence d’une société adaptative à la
psychopathie, de nombreux individus qui NE sont PAS des psychopathes
génétiques se sont adaptés de façon similaire, devenant des psychopathes« dans les faits », ou « sociopathes secondaires ».
Autrement dit, dans un monde de psychopathes, ceux qui ne sont pas des
psychopathes génétiques sont induits à se comporter comme des
psychopathes, simplement pour survivre. Quand les règles sont établies
de manière à rendre une société « adaptative » à la psychopathie, elle fait de chacun un psychopathe potentiel.
Henry
: Si cette influence pathologique était retirée de la société, en
mettant les psychopathes en quarantaine, en éduquant les gens de
conscience aux symptômes de la pathologie, à ce qu’il faut considérer et
à la façon de gérer la manipulation, en changeant les systèmes créés
par les psychopathes, si, au moyen de telles méthodes, nous étions
capables de supprimer cette influence ponérogénique, alors l’autre pôle,
celui de la conscience, serait le plus influent des deux, et les gens
tendraient vers l’altruisme et la vérité plutôt que vers l’égoïsme et
les mensonges. Si nous étions capables de supprimer l’influence
pathologique, nous découvririons peut-être que nos conceptions de la « nature humaine » sont erronées et mal évaluées, parce que nous acceptons en tant qu’« humains »
ceux qui sont génétiquement sans conscience. Supprimez-les, eux et
leurs actions, de l’ensemble des données, supprimez leur influence sur
la société dans son ensemble, et les qualités supérieures de la nature
humaine douée de conscience pourraient trouver des moyens d’expression
que nous n’aurions jamais imaginés possibles.
Silvia Cattori : Comment
peut-on discerner les psychopathes des gens sains ? Pouvez-vous nous
faire le portrait du véritable psychopathe ? Pouvez-vous nous donner des
exemples permettant de faire le lien avec quelque chose de plus général
? Quelles sont les facultés qui leur font défaut ?
Laura
: Le portrait le plus simple, le plus clair et le plus vrai du
psychopathe est donné dans les titres de trois riches ouvrages sur le
sujet dont l’un s’intitule Without Conscience [3].
Un psychopathe, c’est exactement cela : une personnne sans conscience.
La chose la plus importante à retenir est qu’il se dissimule sous un
masque de normalité qui est souvent si convaincant que même les experts
sont trompés et, en conséquence, ces psychopathes deviennent « les Serpents en costume cravate » qui contrôlent notre monde. C’est la réponse en bref.
Henry : La culture populaire voit les psychopathes comme des personnages tels Hannibal Lecter, héros du « Silence des agneaux »,
c’est à dire des tueurs en série. Cependant, bien qu’un certain nombre
de psychopathes soient des criminels et aient eu affaire à la justice et
que certains soient en fait des tueurs en série, un grand nombre
d’entre eux n’ont jamais d’ennui avec la justice. Ce sont les plus
intelligents, et aussi les plus dangereux parce qu’ils ont trouvé des
moyens d’utiliser le système à leur avantage.
Un grand nombre de
traits caractérisent les psychopathes : l’un des plus évidents est
l’absence totale de conscience. Tout sens de remords ou d’empathie
envers les autres est absent chez eux. Ils peuvent être extrêmement
charmants et sont experts pour charmer et hypnotiser leur proie par la
parole. Ils sont également irresponsables. Rien n’est jamais leur faute ;
quelqu’un d’autre ou le monde en général est toujours à blâmer pour
tous leurs« problèmes » ou leurs erreurs.
Martha Stout, dans son livre The Sociopath next door
[Le sociopatthe d'à côté - NdT], identifie ce qu’elle appelle le
stratagème de la pitié. Les psychopathes utilisent la pitié pour
manipuler les autres. Ils vous convainquent de leur donner encore une
chance, et de ne parler à personne de ce qu’ils ont fait. Ainsi, un
autre trait – l’un des plus importants – est leur capacité à contrôler
le flux d’information.
Ils sont également incapables
d’éprouver des émotions profondes. En fait, quand Robert Hare – un
psychologue canadien qui passa sa carrière à étudier la psychopathie –
fit passer des scanners cérébraux à des psychopathes tout en leur
présentant deux séries de mots : une série de mots neutres sans
association émotionnelle, et une série composée de mots chargés
émotionnellement, alors que différentes zones du cerveau s’activèrent
dans le groupe test des non-psychopathes, dans celui des psychopathes,
les deux séries furent traitées par la même zone du cerveau, celle qui
traite le langage. Ils n’eurent pas de réaction émotionnelle
instantanée.
Toute notre vie émotionnelle est un
mystère pour eux, et en même temps, elle leur fournit un outil
formidable pour nous manipuler. Pensez à ces moments où nous
sommes profondément affectés par nos émotions, et à quel point notre
capacité à réfléchir s’en trouve affaiblie.
Maintenant, imaginez
que vous êtes capable de feindre une telle émotion, tout en restant
calme et calculateur, tandis que la personne avec laquelle vous échangez
est véritablement prise dans un tourbillon émotionnel. Vous pourriez
avoir recours aux larmes ou aux cris pour obtenir ce que vous voulez,
tandis que votre victime serait poussée au désespoir par les émotions
qu’elle vivrait.
Il semble aussi qu’ils n’aient pas de réelle
conception du passé ou du futur, vivant entièrement pour leurs besoins
et désirs immédiats. En raison de la stérilité de leur vie intérieure,
ils recherchent souvent de nouveaux frissons, depuis le sentiment de
puissance ressenti en manipulant les autres jusqu’à l’engagement dans
des activités illégales pour la simple poussée d’adrénaline qu’elles
procurent.
Un autre trait du psychopathe est ce que Lobaczewski définit comme leur « connaissance psychologique spéciale » des gens normaux. Ils
nous ont étudiés. Ils nous connaissent mieux que nous ne nous
connaissons nous-mêmes. Ils sont experts dans l’art de toucher nos
points sensibles, d’utiliser nos émotions contre nous. Mais en
plus, ils semblent même avoir une sorte de pouvoir hypnotique sur nous.
Quand nous commençons à être pris dans la toile d’un psychopathe, nos
facultés de réflexion se détériorent, se troublent. On dirait qu’ils
nous jettent un sort.
Ce n’est que plus tard, une fois que nous ne
sommes plus en leur présence, fascinés par eux, que la clarté de pensée
réapparaît, et nous restons là à nous demander comment nous avons pu
être incapables de réagir ou de nous opposer à leurs actes. De nombreux
livres écrits en anglais sur la psychopathie mentionnent les
psychopathes en tant que groupe qui partage un ensemble de traits
communs. L’échelle la plus largement utilisée pour mesurer la
psychopathie a été développée par le Dr Hare. Il s’agit du PCL-R [4].
Il
énumère vingt traits que l’on peut trouver dans cette personnalité. Si
le trait se manifeste quelquefois, on lui donne 1 ; si le trait domine
la personnalité, on lui donne 2. Le total maximum est de 40. Les gens
qui ont plus de 30 sur l’échelle PCL-R sont considérés comme des
psychopathes.
Mais Lobaczewski est allé plus loin en donnant une
taxonomie des différents types de psychopathes et autres types
pathologiques, et en montrant la façon dont leurs déviances oeuvrent de
concert pour former un système pathologique. Il a révélé certains
travaux réalisés par des psychologues en Europe, travaux qui avaient été
perdus au cours de la période communiste.
Laura : Le diagnostic est une question litigieuse qui fait l’objet d’une controverse [5].
Lobaczewski
mentionne le fait qu’en Allemagne nazie et en Russie stalinienne, les
sciences psychologiques furent cooptées pour soutenir les régimes
totalitaires, et que cela fut accompli par des psychopathes au pouvoir
qui entreprirent ensuite de détruire toute possibilité de diffuser
largement des informations précises sur la condition [psychopathique -
NdT].
Il fait remarquer que tout régime constitué
principalement de déviants pathologiques ne peut permettre à la
psychologie de se développer et de s’épanouir librement, parce que le
régime lui-même serait alors diagnostiqué comme pathologique, ce qui
révélerait« l’homme derrière le rideau « .
En se
fondant sur des observations de première main du phénomène en question,
Lobaczewski déclare que la répression du savoir est entreprise de façon
typiquement psychopathique : à couvert et derrière un « masque de santé mentale ».
Pour être capable de contrôler les sciences psychologiques, on doit
savoir ou être capable de sentir ce qui se passe et quels domaines de la
psychopathologie sont les plus dangereux. Un régime politique
pathologique localise les individus psychopathes œuvrant dans ce domaine
(habituellement de très médiocres scientifiques), facilite leurs études
universitaires et leurs diplômes ainsi que l’obtention de postes-clés
avec un pouvoir d’encadrement des organisations scientifiques et
culturelles. Ils sont alors en position d’écraser les personnes plus
douées – étant motivés aussi bien par leur propre intérêt que par cette
jalousie typique qui caractérise l’attitude du psychopathe envers les
gens normaux. Ce sont eux qui surveillent les articles scientifiques
pour leur « propre idéologie » et qui font tout pour s’assurer qu’un bon spécialiste se verra refuser la documentation scientifique dont il aura besoin.
Le
fait est qu’au cours de ces cinquante dernières années, le concept de
psychopathie a été fortement rétréci, et se réfère maintenant à un
trouble de la personnalité spécifique, bien qu’il y ait eu des
tentatives de supprimer entièrement la classification, en la remplaçant
par le « trouble de la personnalité antisociale », qui peut
comprendre une grande variété de comportements sans nécessairement
exiger le diagnostic clinique de psychopathie. Robert Hare souligne à
quel point il est crucial de comprendre que la psychopathie n’est pas
synonyme de criminalité ou de violence ; tous les psychopathes ne
s’engagent pas dans des comportements violents ou criminels. En même
temps, les personnes violentes ou criminelles ne sont pas toutes des
psychopathes.
Selon Robert Hare, Cleckley, Lobaczewski et beaucoup
d’autres experts en psychopathie, un diagnostic de psychopathie ne peut
se baser sur des symptômes comportementaux visibles à l’exclusion des
symptômes interpersonnels et affectifs, parce qu’une telle procédure
transforme en psychopathes de nombreuses personnes qui sont simplement
blessées par la vie ou la société, et permet aux vrais psychopathes qui
arborent un « masque de santé mentale » bien construit
d’échapper au dépistage. D’après une documentation de plus en plus
conséquente, beaucoup (ou la plupart) des psychopathes grandissent dans
des familles aisées et stables, et deviennent des criminels en col blanc
qui, à cause de leur argent et de leur position, ne subissent jamais la
révélation publique de leurs comportements destructeurs privés, et
échappent constamment au système judiciaire.
Venons-en maintenant
au diagnostic et/ou au dépistage en particulier : il existe un certain
nombre de théories sur l’étiologie de la psychopathie : par exemple la
psychopathie en tant que stratégie adaptative ou variante de la
personnalité normale, ou encore dysfonctionnement du cerveau, trouble de
l’attachement ou expression d’une pathologie dans la petite enfance,
trouble d’apprentissage, etc. Très peu de preuves empiriques soutiennent
l’idée que le vrai psychopathe est le résultat d’une enfance
maltraitée, par contre de nombreuses preuves empiriques soutiennent une cause génétique. Le modèle neurobiologique nous donne l’espoir de détecter même le psychopathe le plus retors.
Comme
Henry l’a mentionné, une étude portant sur les temps de réaction à
divers mots – émotionnels, neutres, pseudo mots – a montré que les
potentiels évoqués (ERP [6]) en tâches de décision lexicale [7] chez des
non-criminels indiquaient que les réponses aux mots positifs et
négatifs étaient plus précises et plus rapides que les réponses aux mots
neutres. Dans les cerveaux de ces sujets, les sites centraux et
pariétaux indiquaient des composants ERP rapides précoces et tardifs par
rapport aux mots émotionnels. On en déduit que les composants tardifs
d’ERP indiquaient un traitement continu du mot.
Dans la même
étude, les criminels non-psychopathes montraient également une
sensibilité aux mots émotionnellement chargés. Les psychopathes, quant à
eux, ne montraient aucun temps de réaction ou différence d’ERP entre
les mots neutres et émotionnels. En outre, la morphologie de leurs ERPs
présentait une différence saisissante par rapport à celle des
non-psychopathes. Le composant tardif d’ERP qui était long et étendu
chez les non-psychopathes était petit et bref chez les psychopathes. On
pense que cela reflète le fait que les psychopathes prennent des
décisions lexicales et traitent l’information de façon superficielle.
Cela
est confirmé par des études récentes d’imagerie cérébrale qui montrent
que les psychopathes abusant de substances toxiques ont moins d’activité
cérébrale durant la réalisation d’une tâche de décision lexicale que
les non-psychopathes abusant des mêmes substances.
Hare et
d’autres ont aussi découvert que les anomalies ERP des psychopathes ne
s’arrêtaient pas au langage affectif mais incluaient aussi le langage
abstrait. Une autre découverte curieuse notée dans deux études
distinctes fut une onde négative exceptionnellement grande qui balayait
les zones frontales du cerveau. Une interprétation possible est que cela
reflète une profonde anomalie de traitement cognitif et affectif.
D’autres
études récentes donnent des résultats et des conclusions similaires : à
savoir que les psychopathes ont de grandes difficultés à traiter les
éléments affectifs (émotionnels) à la fois verbaux et non-verbaux,
qu’ils ont tendance à confondre la signification émotionnelle des
événements, et le plus important, que ces déficits apparaissent dans les
scanners du cerveau. Les psychopathes ont une distribution
inter-hémisphérique inhabituelle des ressources de traitement, des
difficultés à apprécier le sens subtil et les nuances du langage – comme
les proverbes, les métaphores, etc. -, ont une faible capacité de
discrimination olfactive, vraisemblablement en raison d’un
dysfonctionnement orbito-frontal, et pourraient être affectés par ce qui
ressemble à une forme subclinique de trouble de la pensée caractérisée par un manque de cohésion et de cohérence dans le langage.
Aucun autre modèle de psychopathie ne peut expliquer toutes ces
anomalies cognitives et affectives, qui peuvent être détectées par des
scanners du cerveau.
Le dernier point : nous travaillons sur le
problème du trouble de la pensée, et tentons d’établir des règles
générales afin que la personne lambda puisse réaliser ses propres
estimations personnelles après avoir effectué des tests secrets au cours
de discussions avec une personne qu’elle soupçonnerait de tromperie ou
de manipulation (pour diverses raisons).
Mais il s’agit d’une
question sensible. Comme Lobaczewski le fait remarquer, si un
psychopathe se considère lui-même comme normal, ce qui bien sûr est
considérablement plus facile s’il est en position d’autorité, alors il
considérera une personne normale comme différente, et donc anormale.
Les
actions et réactions d’une personne normale, ses idées et critères
moraux, étonnent le psychopathe, qui les voit comme anormaux. Quelqu’un
de normal étonnera le psychopathe par sa naïveté, il considérera cette
personne comme partisane de théories incompréhensibles sur l’amour,
l’honneur et la conscience ; il ne sera pas loin de la traiter de « cinglé ». Cela explique pourquoi les gouvernements pathologiques ont toujours considéré les dissidents comme étant « mentalement anormaux ».
Le
système judiciaire n’est pas fait pour gérer ce problème, car,
évidemment, ce système est souvent la création d’individus pathologiques
– ou du moins, ce sont eux qui l’administrent. Une législation bien
pensée exigerait d’examiner scientifiquement les individus qui
prétendent de façon trop insistante ou spécieuse que quelqu’un d’autre
est psychologiquement anormal.
D’autre part, tout système social
(ou tout dirigeant) pathologique au sein duquel la psychiatrie est
utilisée pour des raisons politiques présente des problèmes
supplémentaires. Toute personne se rebellant contre un système
gouvernemental qui le choque par son étrangeté et son immoralité, peut
facilement être désigné par les représentants dudit gouvernement comme
un individu « mentalement anormal », quelqu’un qui a un » trouble de la
personnalité » et qui devrait subir un traitement psychiatrique ; et
les représentants de ce gouvernement ont de nombreux moyens à leur
disposition pour prendre le contrôle de la procédure d’examen. Ils
peuvent faire appel à un psychiatre scientifiquement et moralement
dégénéré pour accomplir cette tâche.
Il s’agit donc d’une question épineuse.
Silvia Cattori : Pouvez-vous citer certains types identifiés par M. LOBACZEWSKI ?
Henry
: Comme la plupart des chercheurs, il opère une distinction initiale
entre les déviances héréditaires et les déviances acquises, c’est-à-dire
entre ceux qui sont nés pathologiques et ceux qui deviennent
pathologiques à cause de blessures des tissus cérébraux ou de
traumatismes dans leur enfance. Une blessure du tissu cérébral peut
laisser des cicatrices qui changent ensuite la capacité de l’individu à
percevoir et à ressentir. Ces zones du cerveau destinées à gérer ces
fonctions ne peuvent le faire, et donc les données sont déviées vers
d’autres zones normalement destinées à d’autres tâches.
Lobaczewski
nomme caractéropathes les individus dont le caractère se développe de
manière déformée à cause de blessures ou de traumatismes. Il donne
ensuite la liste des différentes formes de caractéropathies : le
caractéropathe paranoïde (il cite Lenine comme exemple) ; la
caractéropathie frontale, une déviance due à des blessures dans les
zones frontales du cortex cérébral (Staline est un exemple de ce type) ;
la caractéropathie induite par des substances (médicaments et drogues),
causée par l’usage de produits qui endommagent le système nerveux
central. Enfin, il cite les caractéropathies induites par les agents
pathogènes (les maladies) (il suggère la possibilité que Franklin D.
Roosevelt ait souffert de ce trouble), ainsi que certains personnages
épileptiques (il cite César et Napoléon).
Les troubles
héréditaires sont : la schizoïdie ou psychopathie schizoïdique, la
psychopathie essentielle, la psychopathie asthénique, la psychopathie
anankastique, hystérique et skirtoïde, et les individus qu’il qualifie
de « chacals », c’est-à-dire ceux qui finissent comme tueurs à
gages ou mercenaires. Lobaczewski conjecture que ce dernier type est un
mélange des autres types. Pour donner une idée, je vais juste évoquer
deux types.
La psychopathie schizoïde est une déviance qui
engendre des personnes hypersensibles et méfiantes qui ne tiennent aucun
compte des sentiments des autres. Elles sont attirées par les idées
grandiloquentes, mais leur nature psychologique appauvrie limite
gravement leurs perceptions et transforment leurs soi-disant « bonnes intentions » en influences favorisant le mal. Leur idée de la nature humaine finit par pervertir leurs tentatives.
Comme le dit Lobaczewski, l’expression typique de leur attitude envers l’humanité se retrouve dans ce qu’il appelle la « déclaration schizoïdique » : « La
nature humaine est si mauvaise que dans la société humaine, l’ordre ne
peut être maintenu que par un pouvoir fort créé par des individus
hautement qualifiés au nom d’une idée supérieure ». Combien de
mouvements contemporains, du fascisme au communisme en passant par le
néo-conservatisme, sont fondés sur cette idée ! On pourrait facilement
imaginer que cette déclaration vient de Leo Strauss, par exemple.
Les
psychopathes essentiels sont ceux qui se rapprochent le plus de l’idée
de la psychopathie examinée par Cleckley, Hare, Balbiak et d’autres.
Lobaczewski fait cette remarque effrayante : « Ils
apprennent à se reconnaître dans une foule dès l’enfance, et ils
développent la conscience de l’existence d’autres individus similaires à
eux. Ils prennent également conscience de leur différence par rapport
au monde des personnes qui les entourent. Ils nous voient avec un
certain recul, comme une variété para spécifique ».
Pensez
aux implications de cette déclaration : Ils sont, dans une certaine
mesure, conscients d’appartenir à un groupe, et ce, même depuis
l’enfance ! Reconnaissant leur différence fondamentale par rapport au
reste de l’humanité, leur allégeance serait envers ceux de leur espèce,
c’est-à-dire les autres psychopathes.
Lobaczewski fait remarquer
que, dans toute société, les individus psychopathiques créent souvent un
réseau actif de collusions communes, séparé dans une certaine mesure de
la communauté des gens « normaux ». Ils sont conscients d’être
différents. Leur monde est éternellement divisé selon le mode « eux et nous » ; leur monde avec ses propres lois et coutumes, et l’autre « monde étranger »
des gens « normaux » qu’ils considèrent comme rempli d’idées et de
coutumes présomptueuses sur la vérité, l’honneur et la décence, à la
lumière desquels ils se savent moralement condamnés.
Leur propre
sens déformé de l’honneur les pousse à tromper et à injurier les
non-psychopathes et leurs valeurs. En contradiction avec les idéaux des
gens normaux, les psychopathes ressentent comme un comportement normal
le fait de rompre les promesses et les accords. Non seulement ils
convoitent les biens et le pouvoir et les revendiquent comme un droit,
simplement parce qu’ils (les psychopathes) existent et qu’ils peuvent se
les approprier, mais ils prennent aussi un plaisir particulier à
spolier autrui et usurper leurs biens ; ce qu’ils peuvent plagier,
escroquer et extorquer sont des fruits bien plus savoureux que ceux
qu’ils peuvent récolter par un travail honnête. Ils réalisent aussi très
tôt à quel point leurs personnalités peuvent avoir des conséquences
traumatisantes sur les personnalités des non-psychopathes, et apprennent
comment tirer avantage de cette source de terreur afin d’atteindre
leurs objectifs.
À présent imaginez à quel point les êtres
humains qui sont totalement ignorants du sujet pourraient être abusés
et manipulés par ces individus s’ils étaient au pouvoir dans différents
pays, feignant d’être loyaux envers les populations locales tout en
insistant sur les différences physiques évidentes et facilement
discernables entre groupes (telles que la race, la couleur de peau, la
religion, etc.). Les humains psychologiquement normaux seraient dressés
les uns contre les autres sur la base de différences insignifiantes
tandis que les déviants au pouvoir, dont la différence fondamentale par
rapport au reste d’entre nous est l’absence de conscience, l’incapacité à
éprouver des sentiments pour un autre être humain, récolteraient les
bénéfices et tireraient les ficelles.
Je pense que cela décrit de façon assez juste la situation à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui.
Silvia Cattori : Pouvez-vous donner des exemples à même de nous aider à comprendre le problème de manière plus générale ?
Henry
: A. Lobaczewski nous offre une analyse de la manière dont les
différents types de psychopathes travaillent de concert pour former un
système au sein duquel les personnes cliniquement pathologiques
détiennent les clés du pouvoir et dirigent les gens psychologiquement
normaux.
Au début du livre, Lobaczewski décrit ses expériences à
l’université, où il rencontra le phénomène pour la première fois. Il se
rendit à la bibliothèque pour emprunter quelques livres traitant de la
psychopathie et découvrit avec étonnement qu’on les avait tous retirés !
Ce fait démontre qu’ils sont conscients de leur différence, au moins
certains d’entre eux, et dans le cas de la Pologne sous le communisme,
ces individus conscients de leur différence étaient suffisamment haut
placés et avaient suffisamment de pouvoir pour faire retirer les livres
de la bibliothèque universitaire. Laura nous a dit que ce passage lui
avait fait dresser les cheveux sur la tête ! Les implications de
ce fait sont d’une portée considérable pour la compréhension de notre
monde, de la façon dont il en est arrivé là, et de ce qu’il nous faut
faire pour le changer.
Mais voici quelques exemples de
comportement psychopathique rapportés par d’autres auteurs : Une mère
joue à cache-cache avec sa fille de 4 ans. Elle tient un grand couteau
de cuisine dans la main. Elle dit à sa fille : « je vais compter jusqu’à cent, et si je te trouve, alors je te couperai les pouces ».
La petite fille, terrifiée, se cache dans son placard, et la mère – qui
sait que c’est probablement l’endroit où elle se cache – la laisse là,
terrifiée, effrayée, traumatisée, jusqu’à la fin du jeu. Quand la mère
ouvre la porte, elle se penche sur sa fille et entaille la peau d’un de
ses pouces.
Une famille a deux fils. L’un d’eux se suicide avec un
fusil de chasse. Le Noël suivant, les parents offrent ce même fusil à
leur autre fils comme cadeau de Noël. Quand on leur demande pourquoi,
ils répondent : « C’était une arme excellente ».
Comment
un tel comportement peut-il être compatible avec un système de croyance
qui nous dit que nous avons tous une étincelle divine en nous, ou que
tout le monde a une conscience ? Pouvez-vous imaginer faire de telles
choses à vos propres enfants ?
Notre système de morale ne nous donne aucun moyen de traiter cette maladie. Elle doit être comprise pour ce qu’elle est. Ces personnes ne peuvent être « soignées ».
Imaginez
ce même individu au pouvoir, et vous serez en mesure d’expliquer des
scandales comme celui d’Enron. Hare rapporte des cas de psychopathes qui
s’en prennent aux personnes âgées. Imaginons qu’une personne âgée ait
été escroquée des économies de toute une vie – manifestement par un
psychopathe. Un autre psychopathe contactera la victime, se faisant
passer pour un avocat qui, moyennant finance, pourra récupérer son
argent. La victime empruntera alors de l’argent à un ami ou un proche et
le perdra au profit de l’avocat marron.
Laura :
Un des facteurs principaux à prendre en compte dans la façon dont une
société peut être accaparée par un groupe de déviants pathologiques est
que la seule limitation est celle de la participation d’individus
prédisposés au sein de cette société. Pour les déviants les plus actifs,
Lobaczewski donne le chiffre approximatif de 6% en moyenne sur une
population donnée. Bien sûr, ce chiffre varie selon les pays, en
fonction de nombreuses variables. La société occidentale offre un large
choix d’individus prédisposés.
Le psychopathe essentiel est au
centre de la toile. Les autres psychopathies et caractéropathies
décrites par Lobaczewski et d’autres forment le second niveau du Système
de Contrôle Pathologique, et il est important de noter qu’ils sont bien
plus nombreux que les psychopathes essentiels. Ainsi, ce groupe
représente-t-il environ 6% d’une population donnée.
Le niveau
suivant d’un tel système est composé d’individus qui sont nés normaux,
mais qui sont déjà déformés par une exposition à long terme à des
éléments psychopathiques via les influences familiales ou sociales, ou
qui, par quelque faiblesse psychique, ont choisi de satisfaire aux
exigences de la psychopathie pour leurs propres buts égocentriques. En
termes de chiffres, selon Lobaczewski, ce groupe représente environ 12%
d’une population donnée dans des conditions normales ; il est difficile,
comme le fait remarquer Lobaczewski, de tracer une frontière précise
entre ces derniers types et les déviants génétiques sans l’apport d’une
science authentique et non psychopathique. À l’heure actuelle, les
distinctions ne peuvent être que descriptives.
Il se trouve donc
que 18% d’une population donnée oeuvrent activement à la création et à
la domination d’une pathocratie (ou font des tentatives qui vont dans ce
sens). Le groupe de 6% constitue la noblesse pathocratique, et le
groupe de 12% forme la nouvelle bourgeoisie, dont la situation
économique est des plus avantageuses.
Une fois établi, le système
psychopathique élitiste ronge tout l’organisme social, gâchant les
compétences et pouvoirs de celui-ci. Une fois qu’une pathocratie a été
établie, elle suit un certain chemin et possède certains pouvoirs « attractifs ».
Dans une pathocratie, le système socio-économique émane de la structure
sociale créée par le système du pouvoir politique, qui est un produit
de la vision du monde élitiste propre aux déviants pathologiques. Ainsi,
on peut dire que la pathocratie ressemble à un processus de maladie
macrosociale créé par des agents pathogènes humains, et elle peut en
venir à affecter une nation entière à un degré équivalent à un cancer
qui diffuse ses métastases. La maladie macrosociale de la pathocratie
suit exactement le même modèle que le cancer qui évolue dans un
organisme en suivant un processus pathodynamique caractéristique.
Il est impossible de comprendre un tel phénomène pathologique en utilisant les méthodes des gens « normaux »
qui ne prennent pas en compte les processus de pensée déviants des
agents pathogènes humains. On pourrait certainement dire que le monde
entier est gouverné par une« pathocratie cachée » (ou
cryptopathocratie) depuis très longtemps. De nombreux chercheurs
suggèrent qu’il y a toujours eu un » gouvernement secret »
opérationnel même si le gouvernement « officiel » n’est
techniquement pas une pathocratie. On peut suggérer que les psychopathes
sont techniquement TOUJOURS en coulisse, même au cours des cycles
historiques qui ne sont PAS des pathocraties (c’est à dire les « bonnes périodes » que Lobaczewski décrit comme la fondation d’un cycle hystéroïde qui ouvre la porte à une pathocratie à découvert).
Si nous utilisons le terme pathocratie à la place de « loi du gouvernement secret », alors toute l’Histoire devient une « pathocratie » et le mot perd son sens, il est donc important de noter que le terme « pathocratie »
est le phénomène spécifique représentant une conséquence de l’hédonisme
des bonnes périodes, et qu’elle est caractérisée par 100% de
psychopathes essentiels exerçant ouvertement des fonctions de
commandement, comme c’est arrivé en Allemagne nazie, en Russie
communiste et en Europe de l’Est. Et, dois-je ajouter, comme cela se
produit actuellement.
On ne peut réellement qualifier les questions auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, qui ont trait aux « politiques »,
en utilisant les termes usuels des idéologies politiques, car, comme
nous l’avons souligné plus haut, les déviants pathologiques opèrent sous
un masque, en utilisant la tromperie et autres tactiques de
manipulation psychologiques qu’ils pratiquent avec une grande
ingéniosité.
Si nous pensons ou croyons qu’un groupe politique
portant tel ou tel nom est hétérogène eu égard à sa vraie nature, nous
ne serons pas capables d’identifier les causes et propriétés de la
maladie. N’importe quelle idéologie sera utilisée pour dissimuler les
caractéristiques pathologiques aux experts comme aux gens ordinaires.
Ainsi,
tenter de se référer à ceci ou cela comme étant de « gauche » ou de
« droite » ou « socialiste », « démocratique », « communiste »,
« démocrate » ou « républicain », etc., ne nous aidera jamais à
comprendre l’autoreproduction pathologique et ses influences externes
expansionnistes. Comme le dit Lobaczewski, » Ignota nulla curatio morbi
[8] » ! Aucun mouvement ne réussira jamais s’il ne tient pas compte de la psychopathie et de la ponérologie !
Silvia Cattori : Les
pervers seraient donc ceux qui face aux problèmes qu’ils ont créés
disent : « C’est la faute des autres. Je n’ai rien à y voir » ?
Henry
: Exactement. Un exemple qui vient à l’esprit est celui du psychopathe
cité par Hare qui tua ses parents et qui ensuite implora la compassion
parce qu’il était orphelin !
Rien n’est jamais leur faute. Ils ne sont jamais responsables de quoi que ce soit.
Laura
: J’aimerais expliquer un peu plus ce phénomène. Le psychopathe est un
individu qui divise le monde en blanc et noir, bien et mal, et cette
division est très rigide. La structure psychopathique est organisée
autour d’une structure très simple : « c’est agréable : c’est bien / c’est désagréable : c’est mal ».
Mais ce n’est pas parce que cette structure est rigide qu’elle est
rationnelle ou stable ! Les choses sont bonnes ou mauvaises, mais ce qui
est bon ou mauvais dépend des circonstances immédiates, c’est-à-dire de
ce que le psychopathe veut à ce moment-là.
Mais il ne s’agit pas d’un « mécanisme de défense » ; c’est juste que, pour le psychopathe, la réalité à prendre en compte est centrée sur ce qui lui « est agréable »
sans tenir compte des autres êtres humains, excepté en tant qu’objets
qui peuvent satisfaire ses besoins. On pourrait presque dire que la
structure psychologique du psychopathe est équivalente à celle d’un
nouveau-né, et elle ne se développe jamais, ne grandit jamais.
Un
nouveau-né n’a pas de soi interne, hormis en tant que centre d’un réseau
d’entrées et de sorties neurologiques qui recherchent le plaisir et
rejettent l’inconfort. Bien sûr, chez un psychopathe adulte, des
circuits neurologiques hautement développés ont évolué au cours du
processus d’apprentissage des meilleures méthodes pour obtenir
satisfaction de ses besoins et demandes.
Sous l’influence de cette
structure interne, le psychopathe n’est pas capable d’apprécier les
désirs ou besoins des autres êtres humains et les nuances subtiles d’une
situation, ou de tolérer l’ambiguïté. Toute la réalité extérieure est
filtrée via – ou rendue conforme à – cette structure interne primitive.
Quand le psychopathe est frustré, il semble ressentir que tout dans le monde « extérieur »
est contre lui et qu’il est bon, qu’il souffre sans mesure et recherche
seulement l’idéal d’amour, de paix, de sécurité, de beauté, de chaleur
et de réconfort. C’est à dire que quand un psychopathe est confronté à
quelque chose de déplaisant ou de menaçant, ceci (personne, idée,
groupe, ou quoi que ce soit) est placé dans la catégorie « totalement mauvais » parce qu’évidemment, si le psychopathe ne l’aime pas, ça ne peut pas être bon !
Maintenant,
venons-en au pire : quand les preuves démontrant qu’un choix ou qu’un
acte du psychopathe a créé un problème ou a empiré une situation
s’accumulent, cela aussi doit être nié comme quelque chose faisant
partie du soi et projeté comme quelque chose venant « de l’extérieur ».
Cela signifie que tout ce qui est défini comme « mauvais » est projeté sur quelqu’un ou quelque chose d’autre, parce que la structure interne du psychopathe n’admet aucun tort, aucun mal, aucune erreur. Et gardez à l’esprit qu’ils ne fonctionnent pas comme cela par choix, mais parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Ils sont faits ainsi. Ils sont comme le chat qui prend plaisir à torturer une souris avant de la manger. C’est exactement ce qu’ils font.
Les
psychopathes sont des maîtres de l’Identification Projective. C’est à
dire qu’ils projettent sur les autres tout ce qui est mauvais
(souvenons-nous que « mauvais » change en fonction de
l’objectif du psychopathe), ils tentent de manière manipulatrice
d’induire chez les autres personnes ce qu’ils projettent. Et ils
cherchent à contrôler les personnes qu’ils perçoivent comme manifestant
ces « mauvaises » caractéristiques.
De cette manière, le psychopathe prend du plaisir et sent qu’il « contrôle la situation ».
Gardez
à l’esprit que ce que le psychopathe considère comme bon n’a rien à
voir avec la vérité, l’honneur, la décence, la considération pour les
autres, ou avec tout ce que désire le psychopathe à un moment donné. De
cette manière, toute violation du droit des autres, tout acte répugnant
et malveillant peut être commis par un psychopathe et il dormira comme
un bébé (littéralement) la nuit parce qu’il n’a rien fait de mal !
George Bush et les néo-conservateurs peuvent détruire l’Irak et appeler ça « instauration de la démocratie »,
cela ne leur pose vraiment aucun problème. Les psychopathes israéliens
peuvent usurper la Palestine, massacrer les Palestiniens, justifier ces
actes par la Bible et s’en trouver bien. Bien sûr, quand ils sont en
train de mentir, ils le savent, mais dans leur for intérieur, ils
croient que le véritable bien est ce qui leur procure du plaisir et les
fait se sentir en sécurité dans ce monde. Et ils savent que des êtres
comme eux seront moralement condamnés et attaqués par la majorité des
autres êtres humains s’ils ne dissimulent pas sous un masque de
justification solennelle leurs impulsions à satisfaire leurs désirs.
Silvia Cattori : Cela
suggère-t-il que ces « pathocrates » modernes, opérant au sein de ce
qu’on appelle aujourd’hui la « société de l’information » ne sont guère
différents des partisans d’Hitler hier ? Même, seraient-ils encore plus
dangereux aujourd’hui, parce qu’ils auraient des outils plus
sophistiqués et seraient à même d’utiliser les divers moyens de
communication d’une manière plus consciente ?
Laura : Cela résume très bien la situation.
Henry
: Le système pathocratique, c’est-à-dire un gouvernement constitué de
déviants psychologiques, produira des effets similaires qu’il soit
dissimulé sous le masque du fascisme, du communisme ou du capitalisme.
L’idéologie elle-même n’est pas importante. Elle sert simplement de
couverture et de point de ralliement à un certain pourcentage de la
population dont ils ont besoin comme base de soutien.
Ce groupe de
soutien croit aux slogans et est incapable de voir derrière le masque.
Un certain pourcentage d’entre eux interprètera les slogans idéologiques
avec les yeux de la conscience et croira que le but est d’améliorer
notre sort. En conséquence, nous entendons des slogans sur la fraternité
de l’homme, ou celle des exploités, des expressions creuses sur la
justice et la liberté, l’apport de la démocratie en Irak, etc., tandis
que la réalité est impuissance, division et asservissement. À mesure que
certains individus qui soutiennent l’idéologie en viennent à voir le
gouffre entre les idéaux et les actions des chefs du parti, certains
s’en vont et sont remplacés par d’autres.
Dans le monde
d’aujourd’hui où l’information est contrôlée par un petit nombre
d’agences de presse, et où ces agences ont beaucoup de points communs
avec les gouvernements pathologiques, un plus grand nombre de gens
peuvent être influencés et infectés par le processus de pensée
pathologique. Un exemple est la célèbre remarque que fit Madeleine
Albright en 1996, quand on l’interrogea sur les cinq cent mille morts en
Iraq – la plupart étant des enfants – conséquence de l’embargo. Elle
répondit qu’elle pensait que « cela en valait la peine »,
c’est-à-dire que ces morts étaient le prix nécessaire à payer pour
écraser Saddam Hussein. Il s’agit incontestablement d’une logique
pathologique, et pourtant combien d’Américains ont-ils entendu cette
réponse et n’y ont pas réagi ? Quiconque n’a pas été scandalisé en
entendant cette déclaration a été infecté par la pensée pathologique, a
été ponérisé. L’infection pathologique a déformé sa pensée.
Silvia Cattori : L’absence
de conscience et l’insensibilité à la souffrance sont-elles ce qui
distingue clairement les psychopathes des gens « normaux » ?
Henry
: C’est probablement le point-clé que les gens doivent comprendre.
Depuis des années, des artistes, des écrivains, des philosophes et
d’autres tentent de comprendre pourquoi notre monde est une vallée de
larmes perpétuelle. Ils ont tenté de trouver des explications
moralistes. Lobaczewski consacre la première partie de son livre à une
discussion sur la futilité de cette approche, suggérant à la place une
approche scientifique fondée sur une compréhension du mal en tant que « maladie de société », en tant qu’actes commis par des déviants pathologiques au sein d’une société.
Privés
de la capacité à éprouver de l’empathie envers les autres, ces gens ne
peuvent ressentir cette souffrance, pas plus qu’un chat ne ressent la
souffrance d’une souris quand il joue avec elle avant de la tuer. Bush
peut envoyer des milliers de soldats en Iraq ou en Afghanistan, où ils
seront tués ou mutilés pour la vie, et où ils tueront des milliers de
personnes et détruiront un pays entier, il peut autoriser la torture sur
les prisonniers, peut soutenir les actions d’Israël dans les
territoires occupés ou au Liban, mais aucune des souffrances qu’il cause
n’est réelle pour lui. Chez ces personnes, il n’y a pas de structure mentale appropriée pour traiter ces émotions. Ils en sont physiologiquement incapables.
Laura : Ils n’ont pas le matériel mental requis pour faire fonctionner le programme d’empathie.
Henry
: La seule souffrance que connaît le psychopathe, c’est quand on lui
retire sa nourriture, et j’utilise le mot nourriture dans un sens
symbolique : c’est à dire quand il n’obtient pas ce qu’il veut. Voilà le
niveau de sa vie émotionnelle. Toute autre chose que nous
pensons voir en eux vient de notre propre imagination qui projette sur
eux notre propre réalité intérieure.
Et c’est ce que nous
faisons tout le temps, parce qu’il est très difficile de comprendre
réellement qu’il y a des gens dont la vie intérieure ne possède pas la
richesse qui caractérise celle des gens normaux.
Laura
: En réalité, quand nous projetons notre propre structure interne sur
le psychopathe, nous nous comportons surtout de manière psychopathique !
Nous nous retrouvons dans un monde « noir et blanc » où les
nuances de l’existence humaine ne sont pas prises en compte. Le fait est
que tout le monde ne naît pas égal en termes d’intelligence, de talent,
d’apparence physique, etc. Et de même que personne ne se ressemble
physiquement, ils sont différents dans leur structure psychologique,
même si certains éléments nous rassemblent en tant qu’espèce.
Lobaczewski
fait remarquer que c’est une loi de la nature universelle : plus
l’organisation psychologique d’une espèce donnée est élevée, plus les
différences psychologiques parmi les unités individuelles sont grandes.
L’homme est l’espèce la plus hautement organisée ; par conséquent, ces
variations entre individus sont les plus grandes. À la fois
qualitativement et quantitativement, des différences psychologiques
existent dans toutes les structures du modèle de personnalité humaine.
L’expérience
nous apprend que les différences psychologiques entre les gens sont
souvent la cause de problèmes. Nous ne pouvons surmonter ces problèmes
que si nous acceptons les différences psychologiques comme une loi de la
nature et que nous en apprécions la valeur créative. Ces différences
sont un grand cadeau pour l’humanité, permettant aux sociétés humaines
de développer leurs structures complexes et d’être hautement créatives
tant au niveau individuel que collectif. Grâce à la variété
psychologique, le potentiel créatif de toute société est cent fois plus
élevé qu’il ne pourrait l’être si notre espèce était psychologiquement
plus homogène.
La personnalité humaine normale est constamment en
train d’apprendre, de se développer, de changer. Un processus évolutif
perpétuel est la situation normale. Certains systèmes politiques et
religieux essaient d’induire une stabilité et une homogénéité excessives
dans nos personnalités, mais ceci malsain pour l’individu et la société
d’un point de vue psychologique.
Une société correctement éduquée
psychologiquement connaîtra et comprendra les différences, et sera
aussi au courant de la chose essentielle que les humains normaux ont en
commun : la capacité à développer une conscience mature. De cette
manière, les différences pourront être célébrées et le potentiel créatif
pleinement optimisé.
Silvia Cattori : S’il y
a de plus en plus de manipulateurs et de gens pervers à tous les
niveaux, est-ce parce que notre société favorise particulièrement les
narcissiques et les individualistes ?
Henry :
N’est-ce pas ce que nous voyons avec les valeurs des néolibéraux ?
L’idée entière du capitalisme est une idée narcissique. Aux États-Unis,
qui sont le modèle affiché au reste du monde, on nous dit : « Tout le monde peut devenir président ». C’est le mythe du succès individuel. « Visez
la Première place. » » Si vous travaillez suffisamment dur, vous
aussi, vous pourrez devenir riche et réussir. » « Si vous échouez, c’est
votre propre faute »
Face à cette mythologie, cette
idéologie, les psychopathes sont mieux équipés pour la réussite que les
gens de conscience, parce qu’ils n’ont pas de sensibilité éthique ou
morale qui mettrait un frein à leurs actions. Ils sont tout à fait
disposés à écraser n’importe qui pour arriver au sommet : poignarder
dans le dos, mentir, répandre des histoires sur leurs rivaux sont tout à
fait acceptables, sans jamais perdre de temps avec des remords.
L’imposition
du néolibéralisme au reste du monde est aussi un moyen de ponériser de
plus grandes parties du globe. C’est une idéologie pathologique cachée
sous une pseudoscience économique.
Silvia Cattori : Commettons-nous
une erreur quand nous imaginons que les souffrances créées par Israël
en Palestine et par les États-Unis en Afghanistan et en Iraq par
exemple, prendront fin le jour où MM. Bush ou Olmert, ou tout autre
individu malfaisant, quitteront le pouvoir ? Les causes sont-elles
systémiques et même imperméables aux changements de parti politique et
de gouvernement ?
Henry : Oui. Regardez les
États-Unis. Chaque parti est le reflet parfait de l’autre. Pour
préserver l’image de la démocratie, les deux sont nécessaires, les deux
servent les mêmes maîtres. Mais il n’y a aucun leader aux États-Unis qui
se lève et parle du génocide des Palestiniens. La mort de centaines de
milliers d’Iraquiens est passée sous silence. Il n’y a pas de place pour
la conscience au sein du gouvernement étasunien, des deux partis. Et le
contrôle de la presse, sans parler d’autres moyens comme le chantage et
les menaces, s’assurent que ceux qui pourraient parler n’aient pas les
moyens de le faire.
Israël est un État fondé sur un grand mensonge : un « être suprême » a déclaré qu’un petit groupe de gens était « son peuple élu »
et il leur a donné un petit bout de terre au Moyen-Orient il y a des
milliers d’années. (…) Nous avons donc une grande partie du monde qui
vit depuis des milliers d’années avec des systèmes de croyance
outrageusement absurdes – si on prend les enseignements au pied de la
lettre et non comme des expressions déformées d’une vérité spirituelle
supérieure sous-jacente.
Comment le fait de changer un des joueurs
individuels (quel qu’il soit) de ce système va-t-il changer une
dynamique qui se déploie sur des milliers d’années ? La structure
pathocratique décrite par Lobaczewski s’applique non seulement aux
gouvernements, mais aussi aux autres groupes et organisations – partout
où le pouvoir s’accumule. Les organisations religieuses et les
mouvements de libération peuvent entrer en ponérisation, et ce qui à
l’origine était peut-être un outil de libération devient un outil
d’asservissement.
Si, comme Lobaczewski le suggère, les
psychopathes essentiels se reconnaissent entre eux et sont capables
d’œuvrer de concert pour atteindre des objectifs communs propres à leur « espèce para-spécifique »,
en opposition avec nos intérêts, alors nous avons là un mécanisme qui
explique une structure de contrôle qui s’étend au loin, dans les brumes
du passé, lorsque les premiers psychopathes établirent la première
pathocratie. Soudainement, des théories qui jusque là avaient été
rabaissées au niveau de « théories du complot » peuvent être
examinées sous une nouvelle lumière, par des méthodes qui expliquent
comment elles peuvent exister. Je pense qu’il s’agit là d’un domaine
très important à explorer plus avant.
On peut poser une
autre question : quel effet le fait de croire à un mensonge produit-il
sur la personnalité ? Y a-t-il une pathologie qui soit fondée sur
l’acceptation d’un mensonge fondamental comme pierre angulaire d’un
système de croyance ? Des études ont été réalisées sur la « croyance »
et le caractère des vrais croyants. Mais si l’erreur originale n’était
pas tant la croyance que la croyance en un mensonge ? Toute croyance
est-elle une croyance en un mensonge parce que notre savoir est
imparfait ? Et une fois que nous sommes fixés sur la « croyance » envers et contre tout, subissons-nous une distorsion de notre personnalité ?
Mais
pour revenir à votre question, il semble qu’Israël ait une place
spéciale dans le monde aujourd’hui. Il peut ignorer la loi
internationale et ne pas s’inquiéter d’avoir à rendre des comptes. Il
peut déclencher des attaques brutales contre les Palestiniens et
pourtant, il est toujours dépeint comme la victime – une tactique
typiquement psychopathique. Les attaques contre les juifs dans le monde
entier sont cataloguées et dénoncées tandis que les mêmes actes commis
contre les Arabes et les musulmans sont acceptables – un autre trait
psychopathique. Nous avons émis l’hypothèse dans d’autres livres que
nous avons publiés, comme 911 : The Ultimate Truth, que les
psychopathes au sommet de la pyramide ont choisi d’utiliser les
personnes de confession juive pour qu’ils jouent un rôle spécial dans le
déclenchement d’une grande purge de la population humaine. L’idée qu’il
existe « une grande conspiration juive » est l’histoire dissimulatrice
diffusée par les pathocrates psychopathiques pour couvrir leurs propres
plans. Il y a bien un complot, mais il n’est pas « juif » ; il est
pathologique.
Silvia Cattori : Les choses ne
peuvent-elles qu’empirer parce que le « mal » macro social est le même
« mal » qui affecte l’humanité depuis l’aube des temps ? Un « mal » en
quelque sorte inhérent à la nature humaine et devant lequel nous sommes
impuissants ?
Henry : Le mal n’est pas
inhérent à la nature humaine – du moins pas aux humains normaux qui ont
été correctement éduqués. Cette question est un des points les plus
importants soulevés par Lobaczewski dans son analyse du système
pathocratique. Ce mal systémique vient d’un petit groupe de gens qui
n’ont pas de conscience, soit parce qu’ils sont nés comme ça,
c’est-à-dire que ce sont des psychopathes génétiques, soit parce qu’en
raison de blessures subies dans leur enfance, ou de leur éducation, leur
conscience est morte ou s’est flétrie.
Par exemple, Lobaczewski
pense que Staline était un caractéropathe. C’est à dire qu’il n’était
pas né psychopathe, mais les traits pathologiques se développèrent suite
à des blessures subies dans son enfance. Son type de pathologie peut
être identifié. Donc en fait, les recherches de Lobaczewski sont
libératrices parce qu’elles nous délivrent de l’idée que ces actes
horribles commis par le Mal font partie de la « nature humaine »
normale. Ces individus sont comme des microbes pathogènes dans un corps
– comme un cancer dans la société, ou comme la lèpre. Certainement, un
corps peut être rongé et détruit par la maladie, mais c’est du fait de
la maladie, pas du corps lui-même.
Nous ne saurons pas réellement
ce qu’est la nature humaine tant que nous n’aurons pas supprimé
l’influence pathocratique et que nous ne serons pas capables de fonder
une société vraiment humaine, c’est-à-dire menée et caractérisée par des
valeurs en accord avec notre nature la plus élevée, notre conscience.
Silvia Cattori : Nous
avons vu la facilité avec laquelle M. George Bush ou M. Tony Blair sont
capables de mentir publiquement. Ils ne clignent même pas des yeux,
lorsqu’ils mentent de façon pareillement éhontée. Pensez-vous que des
menteurs comme M. Bush et Blair, qui présentent les caractéristiques du
narcissique et du manipulateur, soient nés pervers/pathologiques ?
Henry
: Nous ne sommes pas psychologues et nous ne donnerons aucun diagnostic
concernant des individus précis. Nous notons cependant que des
histoires sur Bush ont circulé, d’après lesquelles il faisait exploser
des grenouilles avec des pétards quand il était enfant. Il est également
complètement irresponsable. Rien n’est jamais sa faute. Blair a le
charme tranquille si fréquemment remarqué par les psychologues étudiant
la question de la psychopathie. En ce qui me concerne, ce sont des
personnages pathologiques. Mais ce qui est important, c’est le système,
le système pathocratique. Les individus jouent différents rôles au sein
du système selon leur type.
Silvia Cattori : Ces traits sont-ils intrinsèques à l’individu et peuvent-ils être corrigés ?
Henry
: La correction dépend de beaucoup de variables. Avant de penser à
corriger ces anomalies, il nous faut trouver les moyens de nous protéger
de leur influence. Cela signifie, primo, d’admettre que de
telles personnes existent et se retrouvent à des postes de pouvoir, et
secundo, d’apprendre à reconnaître les signes de leurs manipulations et
les caractéristiques pathologiques de notre propre processus de pensée,
afin de nous libérer de leur influence.
Laura
: Comme le dit Henry, il y a beaucoup de variables. Quand on parle des
psychopathes, spécifiquement, le consensus général actuel est que non
seulement on ne peut les guérir, mais qu’on ne peut les traiter.
Le
premier problème est que si vous voulez traiter une maladie, vous devez
avoir un patient. Le mot patient vient du latin et
signifie »souffrir » Un patient, par définition, est quelqu’un qui
souffre et cherche un traitement.
Les psychopathes ne
ressentent pas de détresse et ne pensent pas qu’il y ait quoi que ce
soit qui n’aille pas chez eux, ils ne subissent pas de stress ou de
névrose, et ne recherchent pas de traitement volontairement. Ils ne
considèrent pas que leurs attitudes et comportements soient en quoi ce
que soit mauvais, et les nombreux programmes de traitement qui ont été
établis pour les aider à « développer de l’empathie » et des
compétences interpersonnelles n’y changent rien. Le psychopathe ne
reconnaît aucun défaut dans sa psyché, aucun besoin de changer. Ils seront cependant d’accord pour participer à des programmes de traitement en prison afin de pouvoir être libérés.
Quand
on examina le taux de récidive des psychopathes et d’autres criminels
en traitement, on découvrit que le taux de récidive général était aussi
élevé dans le groupe traité que dans le groupe non traité, 87% et 90%
respectivement, cependant le taux de récidive violente était
considérablement plus élevé dans le groupe traité que dans le groupe non
traité : 77% et 55% respectivement. Par contraste, les non-psychopathes
traités avaient des taux considérablement plus bas de récidive générale
et violente – 44% et 22% respectivement – que les psychopathes non
traités – 58% et 39% respectivement.
Il semble donc que les programmes de traitement fonctionnent pour les non-psychopathes,mais aggravent en fait le cas des vrais psychopathes. Un journaliste canadien faisant un reportage sur cette étude a écrit : « Après
leur libération, on a découvert que ceux qui avaient les meilleures
notes en termes de « bonne réaction au traitement » et qui avaient les
plus hautes notes en « empathie » étaient ceux qui étaient les plus
enclins à récidiver après leur libération. » Voilà les psychopathes : ils peuvent simuler n’importe quoi pour obtenir ce qu’ils veulent.
La
question est celle-ci : comment une thérapie peut-elle empirer le cas
d’une personne ? Robert Hare émet la suggestion que la thérapie de
groupe et la thérapie d’orientation psychanalytique aide en réalité les
psychopathes à développer de meilleurs moyens aux fins de manipuler,
tromper et se servir des gens, mais ne les aide en rien à se comprendre
eux-mêmes.
Freud a argué que les psychopathes ne pouvaient être
traités par la psychothérapie, précisément parce qu’avoir une conscience
était un prérequis nécessaire pour faire appel à la psychothérapie.
C’est la conscience, jointe à la capacité de se préoccuper des autres,
qui poussent à l’examen attentif de nos motivations – tout cela est à la
base de notre comportement. Les psychopathes, eux, n’ont pas de
conscience et n’éprouvent pas d’intérêt pour les autres, par définition.
Silvia Cattori : Comment
peut-on savoir si l’on n’est pas soi-même psychopathe ? Que l’on n’a
pas soi-même été influencé par les effets de leur perversion/pathologie
pendant qu’ils occupaient des postes de pouvoir au sein d’une
administration où nous nous trouvions – au sein d’un syndicat, d’un
parti politique ou d’ailleurs ?
Laura : Pour
la première partie de votre question, laissez-moi vous dire que ce
n’est pas une question inhabituelle – pour un être un humain normal –
mais maintenant, vous avez probablement compris que si une personne
pense qu’il pourrait y avoir quelque chose « qui ne va pas » chez elle, c’est qu’elle n’est pas psychopathe ! Souvenez-vous : le/la psychopathe ne peut tout simplement pas concevoir que quelque chose n’aille pas chez lui/elle.
Henry
: Il est tout à fait possible – à vrai dire, terriblement commun – de
devenir ponérisé, selon les termes de Lobaczewski, c’est-à-dire d’être
infecté par ce mal. C’est ce qui arrive quand vous commencez à accepter
le raisonnement pathologique comme quelque chose de normal. Nous avons
utilisé l’exemple de Madeleine Albright plus haut. Prenez le sport
professionnel, comme autre exemple. L’intimidation sur le terrain en
tant que composante légitime d’un sport comme le football est
aujourd’hui acceptée comme quelque chose de normal. Nous avons vu durant
la dernière Coupe du Monde, l’an dernier, que Materazzi avait
impitoyablement provoqué Zidane pendant le match de finale. Les gens
n’ont rien trouvé à redire. Ils acceptent que cela fasse partie du jeu
aujourd’hui. Cependant, une telle violence verbale n’a rien à voir avec
le football. Elle ne fait partie du jeu que parce que le monde du sport
professionnel, et le monde du sport en général, ont été ponérisés. Ce
qui est pathologique a fini par être accepté en tant que norme.
Et
dès qu’une influence de ce type est acceptée, cette infection s’étend.
Quand nous commençons à faire nôtres des formes de pensées
pathologiques, à les accepter en tant que normes, notre capacité à
réfléchir se détériore. [Zone-7 : Pensons au fait que nous en
sommes venus à accepter les guerres comme normales et inévitables, comme
faisant "partie de la nature humaine". Idem pour la pauvreté, les
inégalités sociales, etc. Nous avons, de ce fait, fait nôtres des formes
de pensées pathologiques qu'il est primordial de corriger en nous.]
Silvia Cattori : Quand
vous dites qu’il y a environ 6% de pervers, d’individus pathologiques
dans la population humaine, comment êtes-vous arrivés à ce nombre ?
Henry
: Les 6% de Lobaczewski viennent de son analyse et de celle des autres
membres du groupe avec lequel il travaillait. Mais c’était pour la
Pologne. Il est possible que les taux varient selon les pays, suivant
leurs histoires particulières. Si nous regardons l’Amérique du Nord ou
l’Australie, des régions en partie colonisées par des gens forcés de
quitter leurs foyers, des criminels, des aventuriers, nous pouvons nous
demander si la perspective de conquérir des continents peut ou non avoir
attiré certains types plus que d’autres. L’histoire de l’Ouest
américain par exemple, et le génocide des peuples indigènes,
n’indiquent-ils pas une incidence plus élevée de psychopathie ?
Peut-être le niveau aux États-Unis est-il plus élevé aujourd’hui à cause
de cela.
Laura : Une récente étude portant sur
une population universitaire a suggéré la possibilité que 5% ou plus de
cet échantillon soit considéré comme psychopathique. C’était une étude
sérieuse destinée à dénicher les psychopathes qui ne sont pas criminels
mais qui sont, au contraire, des individus qui réussissent au sein de la
communauté. Cette étude a aussi démontré que la psychopathie se produit
bien au sein de la communauté et à un taux probablement plus élevé que
prévu ; et il apparaît que la psychopathie et les troubles de la
personnalité se recoupent peu, en dehors du « Trouble de la personnalité antisociale ».
Manifestement, un travail est nécessaire dans le but de comprendre les
facteurs qui différencient le psychopathe qui respecte la loi (bien
qu’il ne respecte pas la morale) du psychopathe qui enfreint la loi.
Cela éclaire un des problèmes majeurs de la recherche qui a été menée
jusque là, et qui s’est concentrée principalement sur des échantillons
médicolégaux.
Silvia Cattori : La psychopathie inclut-elle les hommes et les femmes en général ?
Laura
: Bien que la grande majorité des psychopathes soient des hommes, il y a
des femmes psychopathes. Le rapport est de plus d’un homme sur dix
contre approximativement une femme sur cent.
Silvia Cattori : Comment
peut-on établir que c’est plus fréquent chez les hommes ? Cela
signifierait que sur l’ensemble de la population, presque une personne
sur dix a des tendances psychopathiques plus ou moins fortes qui la
poussent à créer un climat de conflit ?
Laura
: Cela a été établi comme moyenne d’après différentes études. Comme
celle citée plus haut portant sur une population universitaire (des
étudiants en psychologie, d’ailleurs, ce qui devrait nous faire
réfléchir !) donne un chiffre de 5% ou plus, nous pourrions penser que
ces chiffres aussi élevés étaient dus à l’échantillon. D’autre part,
cette étude a peut-être révélé des individus au comportement
psychopathique qui n’étaient pas nécessairement de vrais psychopathes.
Bien sûr, le chiffre pourrait être plus élevé à tel ou tel endroit, dans
telle profession comparée à telle autre, etc. Ce qu’il est nécessaire
de garder à l’esprit, c’est queles psychopathes, à cause de leur nature, s’élèvent au sommet quel que soit le milieu où ils se trouvent.
Alors ne vous imaginez pas qu’ils sont en bas de l’échelle sociale,
dans les bas-fonds de la société, et que vous ne les rencontrerez pas ou
ne serez pas affectés par eux.
Silvia Cattori : Ce
pourcentage semble très bas. Concerne-t-il seulement les pervers qui
ont une position dominante et qui sèment la discorde et le désordre où
qu’ils aillent ?
Henry : Il peut sembler bas
parce que dans une société ponérisée, beaucoup de gens deviennent
infectés par la maladie. Ils voient ce que font les autres, et n’étant
pas assez forts eux-mêmes pour suivre leur propre code moral, si ce code
diffère de celui de leurs voisins, ils suivent le troupeau. Ces gens
sont le soutien de base du statu quo. Ils ne sont peut-être pas
eux-mêmes psychopathes, mais ils soutiennent et défendent le statu quo.
Un
autre aspect pour maintenir le soutien de base est le recours à la
crainte, à des menaces ouvertes d’emprisonnement et de torture, à la
crainte d’être étiqueté comme différent, comme « opposant au régime »,
et autres jugements de même acabit.
Laura :
Gardez aussi à l’esprit les 12% d’individus sensibles à l’influence et
au mode de pensée psychopathique. À la fin, vous avez un total de 18% ou
plus d’une population donnée qui cherche à soumettre et à contrôler le
reste. Si vous considérez alors ce reste, les 82%, et gardez à l’esprit
la « bell curb » [courbe de Gauss - NdT], au moins 80% du reste suivra
celui – peu importe qui – qui est au pouvoir. Et puisque les
psychopathes ne sont aucunement limités dans leurs actes pour arriver au
sommet, ceux qui sont au pouvoir sont généralement pathologiques. Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, ce sont les individus corrompus qui recherchent le pouvoir.
[Zone-7 : Cette remarque est des plus intéressantes. Encore une fois,
nous avons fait nôtres certaines idéologies pathologiques et croyons, à
tort plus qu'à raison, que nous sommes facilement corruptibles en
position de pouvoir, mais jamais faisons-nous la réflexion que sans
l'infection due à l'élément pathologique il est fort à parier que nos
structures de sociétés ne posséderaient même pas de telles positions au
départ !]
Silvia Cattori : Le conflit serait
donc une forme de nourriture pour ce type de personnalité
perverse/pathologique. Parce qu’il leur permet de projeter leur
agression, leur violence sur les autres et d’éviter de se remettre en
question ?
Henry : On pourrait dire que, n’ayant
pas d’émotion en propre, ils se nourrissent de leur pouvoir à
déclencher les émotions des autres. Ils jouissent du pouvoir que cela
leur donne. Être « au-dessus » de telles démonstrations émotionnelles les fait se sentir supérieurs.
Silvia Cattori : Quand
M. Lobaczewski démontre que le menteur a toujours raison, il est très
convaincant. Son analyse du mensonge est très pertinente. Il y a là une
nouvelle matrice pour comprendre comment fonctionnent les psychopathes.
Il explique très bien ce mécanisme du mensonge. Que le mensonge est à
ces gens, leur manière de fonctionner et de gagner. Je voudrais en
savoir plus sur ce mécanisme du mensonge et ses effets. Comment
fonctionne-t-il ? Ces menteurs sont-ils présents dans tous les secteurs
de la société ?
Henry : Mentir est une stratégie très efficace, parce que très peu de gens pensent qu’il y a des menteurs purs et durs dans la société, des gens qui mentent systématiquement.
Pensez
à un divorce ou à une autre affaire exposée devant un juge et des
jurés. La plupart d’entre nous se rendra aux audiences avec en tête
l’idée que la vérité est quelque part entre les deux. Les deux parties
en conflit dans une affaire raconteront leur histoire, chacun
embellissant un peu sa version, chacun se mettant sous son meilleur
jour, et le juge ou le jury supposeront que la vérité est quelque part
entre les deux.
Mais qu’arrive-t-il quand l’un des deux individus
est un menteur et que l’autre dit la vérité ? Le menteur est à son
avantage parce que le juge ou le jury s’attendra encore à ce que la
vérité soit quelque part entre les deux. Donc, quelqu’un qui est victime
d’un menteur et d’un manipulateur ne peut s’en sortir. Dire la vérité
ne peut rendre à cette personne toute la justice qu’elle mérite, tandis
que l’auteur d’un crime tirera toujours quelque chose du mensonge.
La
vie quotidienne est comme ce tribunal. On est toujours disposé à donner
aux autres le bénéfice du doute, si l’on est une personne morale. Le
menteur et le manipulateur ne feront jamais cela et utiliseront contre
elle la bonne volonté de la personne de conscience.
Mentir
est donc toujours une stratégie gagnante. Cela peut en soi être le
signe que nous vivons au sein d’un système pathologique !
Laura
: Quand on considère la structure interne infantile du psychopathe, il
n’est pas si difficile de comprendre l’aspect du mensonge. Le
psychopathe ne ment même pas réellement, il « crée juste une réalité » afin qu’elle se conforme à ses désirs.
Je
vais essayer d’expliquer. La réalité psychopathique existe de façon
arbitraire : ils déclarent que les choses sont ainsi. Pour eux, ces
déclarations représentent la réalité. La déclaration du moment
peut contredire ce qu’ils ont dit à un autre moment. Cela ne signifie
rien pour eux. Ils n’essaient jamais de gérer la contradiction car pour
eux, il n’y a pas de contradiction.
Souvenez-vous, les
psychopathes ne peuvent comprendre des abstractions comme l’espace et le
temps, et ce qu’ils ont dit il y a un moment sous le coup d’impulsions
diverses est maintenant du passé, et par conséquent n’existe plus.
Les psychopathes démontrent un manque total de compréhension de ce que
nous appelons les « faits ». Les humains normaux ont réellement du mal à
concevoir cela, parce que pour nous, les faits font fondamentalement
partie de notre vie. Nous vivons par eux, nous évaluons et jugeons en
fonction d’eux. Nous établissons des faits, ensuite nous procédons à des
tests et établissons d’autres faits. Quand nous débattons, nous
commençons par des faits et montrons comment nous tirons nos conclusions
à partir de ces faits.
Les psychopathes ne font pas cela. Cependant,
parce qu’ils projettent leur propre structure interne sur les
psychopathes, la plupart des gens ne comprennent pas cela.Les
humains normaux qui ont un mode de pensée psychopathique essaient de se
convaincre qu’il existe une autre raison expliquant cette bizarre
condition mentale. Quand les psychopathes ne se préoccupent pas des
faits, nous pensons que c’est intentionnel, qu’ils jouent un jeu avec
nous. Nous pensons qu’ils sont bien au courant des faits, mais qu’ils ne
veulent pas l’admettre.
Rien ne pourrait être plus éloigné de la
vérité. Les psychopathes ne savent pas ce que sont les faits. Le concept
de fait est en réalité une abstraction qu’ils ne peuvent saisir. Un cas
illustrant cela est rapporté par un psychothérapeute : il demanda à sa
patiente, une psychopathe, d’observer une chaise située à environ 1,80
mètre, près du mur. Il lui demanda ensuite de décrire la chaise. Ce
qu’elle fit, de manière assez détaillée, excepté pour les pieds. La
chaise qu’elle décrivit n’avait pas de pieds.
Le thérapeute le lui
fit remarquer, et lui demanda comment la chaise pouvait être suspendue
en l’air, sans pieds pour la soutenir. Elle répondit : « Je l’ai posée là. ». Le thérapeute demanda : « Si vous regardez ailleurs, tombera-t-elle par terre ? » Elle dit : « Non. Si je regarde ailleurs, la chaise n’est plus là ». Le thérapeute demanda : « Si vous regardez ailleurs, et qu’il s’avère que la chaise est toujours là ? ». Elle ignora la question.
L’idée populaire New Age basée sur l’adage « on se crée sa propre réalité » est un exemple de la manière dont la pensée psychopathique a infiltré notre société. Le principe est : « Si suffisamment de gens croient que quelque chose est vrai, alors ce qu’ils croient EST la réalité. »
En réponse à cela, on peut faire remarquer avec raison : « Il
fut un temps où tout le monde, pour ce que nous en savons, croyait que
le soleil tournait autour de la terre. C’était faux, et le croire n’y
changea rien ». Mais si vous demandez à un psychopathe : « Êtes-vous
en train de dire qu’à cette époque, le soleil tournait en fait autour
de la terre – et que c’est seulement pour obéir à un changement de
pensée chez les gens que la terre s’est mise à tourner autour du soleil
? », il vous ignorera ou vous accusera de déformer les « faits ».
Un
être humain normal pensera naturellement que le refus du psychopathe à
répondre à cette question, le fait qu’il se retourne contre vous en vous
accusant de présenter les faits (ainsi que lui-même) sous un faux jour,
est une admission tacite que ce qu’il dit est faux. Mais vous auriez
tort sur ce point. Face aux preuves qu’ils ont tort, les psychopathes
n’hésitent pas à faire des déclarations et des affirmations concernant
sur ce qu’ils insistent être la réalité.
Ron Suskind, ancien reporter au Wall Street Journal et auteur de The Price of Loyalty : George W. Bush, the White House, and the Education of Paul O’Neill, a écrit : « Au
cours de l’été 2002, après avoir écrit un article dans Esquire qui
déplut à la Maison Blanche – article parlant de l’ancienne Chargée de
communication de Bush, Karen Hughes – je rencontrai un conseiller en
chef de Bush. Il exprima le mécontentement de la Maison Blanche, puis me
dit quelque chose que je ne compris pas totalement sur le moment – mais
qui, je le crois maintenant, plonge au cœur même de la présidence de
Bush.
L’assistant déclara que les types comme
moi faisaient partie « de ce que nous appelons la communauté fondée sur
la réalité », qu’il définit comme les gens qui « croient que les
solutions émergent de votre observation judicieuse de la réalité
discernable ». J’acquiesçai et murmurai quelque chose à propos des
principes des Lumières et de l’empirisme. Il me coupa : « Le monde ne
fonctionne plus réellement ainsi » . « Nous sommes un empire maintenant,
et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant
que vous étudiez cette réalité – comme vous le faites, judicieusement –
nous agissons à nouveau, créant de nouvelles réalités, que vous pouvez
étudier aussi, et c’est ainsi que les choses se règleront. Nous sommes
les acteurs de l’Histoire… et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à
étudier ce que nous faisons »"
Ils ne mentent pas réellement – ils créent de « nouvelles réalités ».
Rien de ce que nous appelons réalité n’est réel pour eux. Quand un être
humain normal parle d’une chaise, il se réfère à une chaise qui tient
sur ses propres pieds. Elle est là, que quelqu’un la voie ou non, que
quelqu’un la mentionne ou non, que quelqu’un « déclare » ou non
sa présence. Elle a sa propre existence souveraine. Mais il n’en est
pas ainsi pour les vrais psychopathes. Les psychopathes, avec leur
structure interne infantile, sont inaptes à comprendre que tout ce qui
n’est pas eux existe en propre, séparé d’eux. Quelque chose ne
devient réel qu’à partir du moment où ils reconnaissent cette réalité,
et ils ne reconnaissent que ce qui est important pour eux en termes de
ce qu’ils désirent, de ce qui leur procurera du plaisir.
Quand
un être humain normal demande que les déclarations du psychopathe
soient évaluées, le psychopathe déclare que celui qui fait une telle
demande n’a aucune intégrité, ce qui signifie réellement que leur
position – leur déclaration – ne tient pas !
Du point de vue du psychopathe, le monde est comme une scène holographique. Ils« déclarent »
l’existence des choses. Tout est hologramme. Ils programment les
hologrammes. Ils interagissent avec eux de toutes les manières qui leur
conviennent. Ils sont sous leur contrôle total. Quand ils décident de
supprimer un hologramme, il disparaît.
Un hologramme n’est pas
censé penser par lui-même. Un hologramme n’est pas censé mesurer,
évaluer, apprécier, etc. Et surtout, un hologramme n’est pas censé
critiquer son maître.
Quand cela arrive, ils le châtient d’abord pour le ramener dans le rang. Si cela ne marche pas, ils le font « disparaître ». Et s’ils doivent le tuer pour ce faire, c’est ce qui arrive.
L’expérience
a montré que peu importe ce que nous disons, ce que nous leur faisons
remarquer, la quantité de preuves fournies, cela ne signifie rien pour
les psychopathes. Ils n’ont qu’un but : nous tromper afin qu’on les
classifie comme humains normaux de sorte qu’ils puissent continuer à
nous duper, nous contrôler et nous utiliser pour leur propre pouvoir et
gloire, parce que c’est ce qui leur donne du plaisir.
Silvia Cattori : Il
y a par conséquent une interaction constante : l’individu
pervers/pathologique ne peut dominer seul, il a besoin d’alliés. Il doit
donc former des clans et les unifier, offrant des avantages à ceux qui
servent ses intérêts. Avantages qui les lient ensuite entre eux, les
maintiennent assujettis ? Autrement dit, si le système est pervers,
alors chacun devient pervers et tout est perdu ?!
Henry
: Oui et non. Il existe des faiblesses inhérentes au système
pathocratique. Mais cela prend du temps. Lobaczewski décrit la dynamique
à l’œuvre dans les pays de l’Est sous le communisme. Les pathocrates
sont incapables de faire quoi que ce soit d’authentiquement créatif. Ils
dépendent des gens de conscience pour leur créativité. Une société sans
créativité est condamnée à périr tôt ou tard. Quand les principaux
postes de pouvoir de cette société, du gouvernement, de l’industrie, des
affaires sont tenus par des pathocrates, le cycle dégénérescent
commence.
En même temps, les gens normaux commencent à voir la
société pour ce qu’elle est, et ils inventent des stratégies de survie.
Ils commencent à reconnaître que leurs dirigeants ne sont pas comme eux.
Malheureusement,
quand une société recouvre ses sens, une autre idéologie masquant un
autre groupe – ou bien le même groupe sous un autre nom – de déviants
est déjà en place, prête à prendre sa place. Quand le communisme
s’écroula en Union soviétique et dans les pays d’Europe de l’Est, les
pathocrates capitalistes étaient prêts à s’emparer du butin, et parmi
les pathocrates, certains communistes furent même capables de trouver un
nouveau« nid » confortable au sein des « nouvelles » démocraties capitalistes.
La
question est celle-ci : un tel processus a-t-il déjà commencé aux
États-Unis – qui sont, à notre avis, le centre de gravité de la
pathocratie aujourd’hui ? Étant donné que les pathocrates semblent
motivés par un programme visant à réduire la population mondiale par
millions sinon par milliards, par le biais des guerres ou d’autres
moyens, nous sommes en droit de nous demander si nous aurons le temps de
voir s’achever ce cycle. Nous ne sommes pas très optimistes.
Mais
même si une expression particulière de la pathocratie tombe, le système
lui-même reste en place, émergeant ailleurs, au sein d’un nouveau « centre « .
Silvia Cattori : L’exemple
qui va dans cette direction est ce qui s’est passé avec la guerre
contre l’Iraq. M. Bush voulait la guerre à tout prix. M. Bush ment et il
gagne. Il trouve des alliés de la même espèce que lui, comme M. Blair
et Berlusconi. Les gens qui dénoncent leurs crimes et les combattent
perdent. Cela semble être un parfait exemple de ce qui est décrit dans
Ponérologie. Est-il impossible de dire non à ces monstres ?
Henry
: Comment dire non quand les médias sont complètement contrôlés par
d’autres pathocrates ? Vous pouvez descendre dans la rue, comme des
millions de gens l’ont fait avant l’invasion de l’Iraq, mais cela n’a
pas d’importance parce que les dirigeants politiques pathocratiques ne se soucient absolument pas de ce que pensent les gens.
Il leur est indifférent qu’il y ait des milliers ou des millions de
gens contestant leur politique – ils ont d’effrayantes armes militaires à
leur disposition. Ensuite, les médias ont déformé le message des
dissidents et les ont présentés comme des traîtres. Ils sont toujours
considérés comme des traîtres après quatre ans, alors qu’il est devenu
clair comme de l’eau de roche que Bush et Cie. ont eu tort de faire la
guerre et qu’ils ont menti sur tous les points.
Pourtant, les
États-Unis sont toujours en Iraq et il est politiquement impossible de
réclamer plus qu’un simple « débat » sur une future réduction des
troupes.
Ainsi, une des questions est celle-ci : dans un
environnement aussi contrôlé, combien de gens voient-ils la réalité ? Et
une autre se pose : dans une telle réalité, comment les gens qui voient
les mensonges réagissent-ils et répondent-ils en faveur d’un changement
?
La majorité des gens ont eu leur conscience écrasée et ont
accepté tant de compromis qu’ils sont incapables de penser ou de
ressentir les choses correctement. Ils croient qu’il y a un nombre
illimité de fondamentalistes islamiques se préparant à faire exploser
leurs maisons et leurs écoles, peu importe la totale absurdité de cette
idée, et malgré le fait que la majorité de tels attentats à la bombe
soient des opérations « false flag [9]« . Le fait bien
établi que les agences de renseignement commettent des attentats à la
bombe et accusent ensuite leurs opposants – il est impossible d’arguer
que ce type de chose n’est pas une pratique régulière – devient moins
crédible pour les gens aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs, que
le conte de fées décrivant des centaines de fondamentalistes islamiques
prêts à se faire exploser au nom d’Allah !
Repensez à ce que
Lobaczewski écrit à propos du raisonnement confus qui se produit quand
quelqu’un est en présence d’un psychopathe. Via les médias,
cette confusion s’étend au-delà du contact personnel immédiat et devient
un fléau affectant la société dans son ensemble. La société elle-même
est infectée par la maladie.
Et pour ceux qui luttent
pour retrouver leur santé mentale et qui voient les mensonges, la
puissance à laquelle ils sont confrontés est si écrasante qu’ils peuvent
facilement abandonner. La tâche semble trop grande.
Laura : Est-il impossible de dire « non » à ces monstres ? Non. Difficile ? Oui.
Les
individus qui pensent que le changement peut s’effectuer via des
processus légaux ou politiques ne comprennent pas que les lois et la
politique, en général, soient toutes deux créées et contrôlées par des
individus pathologiques qui les établissent à leur avantage, et non à
celui de leurs compatriotes. Ainsi, les lois et la politique
sont-elles des mesures insuffisantes pour contrer une société
pathologique engendrée par les efforts et l’influence des déviants.
Une
autre chose qu’il est important de retenir eu égard à la recherche de
solutions via les moyens légaux ou politiques : la roublardise des
déviants pathologiques est bien supérieure à celle des êtres humains
normaux. La plupart des gens sont familiers de l’idée de la ruse
exceptionnelle dont font preuve les fous, mais la psychopathie, sous ses
différentes formes, possède un élément additionnel : le Masque de Santé
mentale.
Récemment, nous avons vu Cindy Sheehan s’éveiller au
fait que le parti démocrate n’était qu’une autre idéologie derrière
laquelle opérait la psychopathie. Elle est partie, et d’après ce que
j’ai compris, a maintenant décidé que le « 911 Truth Movement »
était l’endroit où il fallait être. Je suis désolée de devoir
l’informer que les psychopathes supervisent aussi ce spectacle. Vous ne
pensiez tout de même pas qu’ils commettraient des crimes comme le 11
septembre sans assurer leurs arrières par l’invention et le contrôle
d’un « mouvement pour la vérité », n’est-ce pas ?
Je
reçois sans cesse des lettres de groupes d’action politique qui
demandent de l’argent et du soutien. J’ai donné de l’argent et mon
soutien, et j’ai aussi écrit de nombreuses lettres et e-mails leur
disant que leurs « actions politiques » n’auraient aucun effet s’ils ne
prenaient pas en compte la psychopathie dans l’équation. Ils étaient
tous tellement certains que remettre les démocrates au pouvoir allait
tout changer, mais le fait est que rien n’a changé. Tout cet argent et
ces efforts ont été gâchés. Et maintenant, les gens s’en rendent compte
alors que nous le disons depuis le début.
Je le redirai
encore – et continuerai à le faire : tant qu’on n’accordera pas à la
connaissance et à la prise de conscience de l’existence d’êtres humains
pathologiques toute l’attention qu’elles méritent, et qu’elles ne feront
pas partie de la connaissance générale de tous les êtres humains, il
n’y aura aucun moyen de changer les choses d’une manière efficace et
durable. [Zone-7 : Nous ne le dirons jamais assez : la
compréhension de cette connaissance (que l'on retrouve dans la Gnose et
autres enseignements "secrets") est primordiale à tout changement réel
du monde dans lequel nous vivons. Cette réalité doit être étudiée et
comprise par le plus grand nombre si nous voulons avoir ne serait-ce
qu'un espoir d'améliorer notre sort.] C’est la première priorité, et si
la moitié des gens qui s’agitent pour la Vérité, pour arrêter la guerre
ou Bush ou je ne sais quoi d’autre consacraient leurs efforts, leur
temps et leur argent à dévoiler la psychopathie, cela nous permettrait
peut-être de progresser.
Finalement, le réel problème
réside encore dans le fait que la connaissance de la psychopathie et la
manière dont les psychopathes dirigent le monde ont été efficacement
cachées ; les gens n’ont donc pas la connaissance adéquate et nuancée
dont ils auraient besoin pour apporter un véritable changement radical. À maintes reprises tout au long de l’Histoire, cela a toujours été « on prend les mêmes et on recommence ».
Quand
vous avez affaire à des psychopathes, vous avez affaire à l’esprit
criminel, et quand de tels esprits tiennent des positions de pouvoir
absolu – comme c’est le cas aujourd’hui – rien ne peut les retenir – et
rien ne les retiendra, c’est une certitude.
Bush (ou plus
précisément ceux qui tirent ses ficelles) a un contrôle quasi absolu de
toutes les branches du gouvernement. Vous pouvez remarquer cela si vous
observez soigneusement que, peu importe ce que Bush commet d’illégal,
personne ne le prendra vraiment à partie. Tous les « scandales » qui ont
fait surface, dont n’importe lequel aurait fait tomber toute autre
administration, ne sont que des farces jouées pour le public, pour le
distraire, pour lui faire penser que la démocratie est toujours active.
Il
n’y a que deux choses qui puissent soumettre un psychopathe : 1) un
psychopathe plus puissant ; 2) le refus absolu et non violent de tous
les autres à se soumettre à son contrôle, quelles que soient les
conséquences. Si toutes les personnes normales aux États-Unis (et
ailleurs) arrêtaient tout et refusaient de participer à la réalisation
d’un seul objectif du programme psychopathique, s’ils le faisaient en
masse, si les gens refusaient de payer les impôts, si les soldats
refusaient de combattre, si les fonctionnaires et les fainéants des
entreprises refusaient d’aller au travail, si les médecins refusaient de
traiter les élites psychopathiques et leurs familles, tout le système
s’arrêterait brutalement. [Zone-7 : Il devient donc impératif
d'étudier le sujet en profondeur afin d'arriver à se soustraire de leur
influence. Ceci n'est pas un combat armé, personne ne demande d'abattre
les psychopathes (acte hautement pathologique en soi), mais "simplement"
d'en comprendre le fonctionnement et de s'en prémunir.]
Mais
cela ne peut arriver que si les masses SONT INFORMÉES sur la
psychopathie dans tous ses horribles détails. Ce n’est que s’ils savent
qu’ils ont affaire à des créatures qui ne sont réellement pas humaines
qu’ils peuvent avoir la compréhension de ce qu’ils doivent faire. Et ce
n’est que quand ils seront suffisamment désespérés, au point que les
malheurs que leur infligera le psychopathe au début de leur résistance
paraîtront pâles en comparaison, qu’ils auront la volonté de le faire.
C’est cela, ou bien la compréhension du monde que les psychopathes sont
en train de créer pour leurs enfants, en tout cas l’amour pour
l’humanité de demain, qui les motivera à résister.[Zone-7 : De
plus en plus de gens sont au courant de la psychopathie, mais pas de sa
réelle nature. Nous parlons de plus en plus, dans les médias, des hauts
fonctionnaires crapuleux et des patrons psychopathes, mais jamais avec
l'ampleur du vrai phénomène ni des lourdes conséquences qui en
découlent, et ce, pour l'"humanité" entière.]
Silvia Cattori : Est-ce
que M. Chirac, après avoir dit non pour l’Iraq, a fait des concessions
majeures à M. Bush par peur de devenir un homme de paille ? Les pervers
ont-ils besoin d’hommes de paille ?
Henry :
Imaginez que vous êtes un politicien avec une conscience face à un monde
dominé par des gens pour qui tous les moyens sont bons pour rester au
pouvoir : chantage, intimidation, menaces. Dans quelle mesure le
scandale en France sur les finances de Chirac quand il était Maire de
Paris furent-elles utilisées pour le remettre dans « le droit chemin » ? Nous ne pouvons que spéculer.
Nous
savons que Bush espionnait illégalement les citoyens américains ;
faisait-il cela pour collecter des données qui pourraient être utilisées
pour faire chanter et intimider les politiciens ou les journalistes de
l’opposition qui posaient trop de questions ? Je pense qu’il serait naïf
de ne pas considérer cette possibilité.
Laura :
Je dis quelquefois en plaisantant qu’à présent, on peut probablement
deviner qui sont les gentils en regardant ceux qui ont la plus mauvaise
presse ! Mais ce n’est pas si simple. Nous ne pouvons oublier que la véritable guerre est celle de l’Élite psychopatique au pouvoir contre les Humains normaux.
Les pervers ont-ils besoin d’hommes de paille ? Sûrement, cela fait
partie de la mise en scène qu’ils élaborent pour nous. Tout comme cela
fait partie de leurs tactiques de créer des attentats » false flags »
pour diriger la haine contre ceux qu’ils souhaitent détruire, c’est
totalement dans leur style d’opération de jouer au « good cop/bad cop [10]« . C’est Machiavel .
Silvia Cattori : La
dynamique ainsi décrite dans le livre, et que vous explicitez ici, est
aussi apparente dans l’utilisation des médias ; les journalistes qui
soutiennent les principes de l’axe Tel Aviv-Washington ont toute liberté
de soutenir ces guerres. Font-ils aussi partie des monstres ?
Devons-nous classer ces menteurs des médias dans la catégorie des 6% ?
Comment se fait-il que le public ne voit pas que ce sont des imposteurs ?
Henry
: Une fois que le système est en place, ceux qui sont moralement
faibles s’y rallient pour le défendre en échange de privilèges
personnels. Leur propre intérêt les rend vulnérables à la contagion. En
conséquence, chaque individu n’a pas besoin de faire partie d’un des
nombreux types listés par Lobaczewski. Il y a des milliers
d’individus moralement corrompus et faibles qui sont prêts à obéir aux
ordres de ceux qui sont au pouvoir si cela leur apporte célébrité et
fortune, ou ne serait-ce qu’une existence confortable et sans ennui.
Ce
qui ne veut pas dire que les médias sont exempts de psychopathes,
caractéropathes, ou des autres types présentés par Lobaczewski.
Silvia Cattori : Pour
nous protéger du mal, il semble alors que chacun d’entre nous doive se
demander s’il est en présence d’une de ces personnes perverses qui
mentent et n’agissent que pour leur intérêt personnel. Mais les gens
n’arrivent pas à croire que ces pervers/pathologiques sont des gens qui
se nourrissent du mal, qui se nourrissent des conflits. Cet ouvrage
décrit cela de façon experte : les conflits sont leur nourriture ; ils
adorent ces situations, ils ont besoin de cela pour exister.
Une personne normale ne peut imaginer qu’au sein de la société, il y a
un certain nombre de gens qui ne peuvent rien faire d’autre que de se
nourrir du mal. Pensez-vous que les gens « normaux » sentent que quelque
chose ne va pas mais qu’ils n’arrivent pas du tout à comprendre qu’ils
sont des victimes et qu’ils souffrent à cause des mensonges et des
manipulations des individus pervers/pathologiques ?
Henry
: Oui. Mais il faut un fort caractère pour se battre pour ce qu’on sait
être juste face à une opposition sociale omniprésente. Nous avons aussi
tendance à accorder aux autres le bénéfice du doute parce que nous
projetons nos propres modes de pensée et de comportement sur eux. Si
nous ne sommes pas conscients qu’il y a des gens qui sont soit
génétiquement incapables d’éprouver de l’empathie et des sentiments
envers les autres, soit dont la conscience a été réprimée et détruite à cause de ce qu’ils ont vécu (et ils ne peuvent être guéris), et si nous ne savons pas comment ils fonctionnent et manipulent, nous resterons des victimes.
En
tant que personne qui a fait partie d’organisations et d’associations
militant pour un changement social, vous avez probablement vu la même
dynamique à l’œuvre. Le travail bénéfique et sincère de beaucoup de gens
peut être détruit par les actions d’une seule personne. Cela ne donne
pas beaucoup de chances au rétablissement de la justice sur cette
planète ! Ce n’est que quand ceux qui sont psychologiquement normaux
parviendront à comprendre que nous avons un prédateur naturel, un groupe
de gens qui nous voit comme une espèce « para-spécifique » qu’ils
seront disposés à s’informer sur cette race semblable aux humains.
Laura : S’il
existe un travail qui mérite des efforts et une dévotion à plein temps
pour aider l’humanité dans cette période sombre que nous vivons
actuellement, c’est bien l’étude de la psychopathie et la propagation de
cette information sur une très grande échelle. Pour celui qui
veut réellement faire quelque chose, diffusons aux gens l’information
sur les agents pathogènes sociaux, apprenons d’abord comment les
identifier, et ensuite nous pourrons décider de la marche à suivre.
Silvia Cattori : Les
gens « normaux », ceux qui ont une conscience, cherchent à trouver un
compromis entre les deux. Diriez-vous qu’être gentil envers eux est une
erreur parce que les individus pervers/pathologiques n’ont absolument
aucune conscience, sont sans scrupules, et n’hésitent pas à s’emparer
des postes au pouvoir, même s’ils sont incompétents ?
Henry
: Nous en avons parlé plus tôt quand nous avons décrit la société comme
un tribunal où tout le monde chercherait la vérité quelque part entre
les deux. Tant qu’il y aura une quelconque idée de compromis, les gens de conscience seront toujours les perdants.On
doit retirer à ces déviants psychologiques toute position de pouvoir
qui leur permet de dominer les personnes de conscience, point. Les
gens doivent se rendre compte que ce genre d’individus existe, et ils
doivent apprendre à les détecter, eux et leurs manipulations. La partie
difficile est qu’on doit aussi lutter contre ces tendances en nous à la
compassion et à la gentillesse pour éviter de devenir des proies.
Silvia Cattori : Les
gens « normaux » ont donc intérêt à garder en mémoire que tous les gens
ne sont pas fondamentalement bons et ne prennent pas nécessairement des
décisions qui sont bonnes pour la société ? Et doivent se rappeler que
les individus pervers/pathologiques se moquent de la moralité, pour eux,
seuls leurs objectifs personnels comptent ? En somme, ces individus peuvent mentir sans se sentir le moins du monde impliqués dans ce qu’ils disent. Prenons le cas de M. Bush par exemple. Il peut dire n’importe quoi et il n’a pas du tout honte de mentir !? Cela pour dire que les
individus pervers/pathologiques n’ont aucun scrupule à mentir, à
détruire un pays, un peuple entier, tant que cela sert leurs intérêts ?
Henry : L’idée que « tous les hommes naissent égaux »
et que nous sommes fondamentalement bons nous est assénée depuis notre
naissance. On nous enseigne que Dieu nous a fait à son image, et que
nous avons tous une étincelle divine en nous.
Mais la science nous montre que ce conte de fées religieux n’est pas vrai.
L’humanité a un prédateur naturel, le psychopathe, et ce prédateur est
invisible parce qu’il n’existe aucun signe facilement discernable qui
permette de l’isoler.
En outre, tout au long de l’Histoire, on
nous a divisés en groupes en fonction de distinctions physiques,
culturelles, religieuses, ou n’importe quel élément facilement
reconnaissable mis en avant par les psychopathes, tandis que notre véritable ennemi est resté masqué.
Nous
avons même trouvé des livres traitant de psychopathie qui présentent
l’argument que nous sommes tous psychopathes ! Nous voyons donc qu’il y a
une tentative de sauver les apparences. Lobaczewski mentionne la
psychologie et la psychiatrie comme outils utilisés par la pathocratie
sous le communisme. Nous voyons la même chose aujourd’hui aux
États-Unis. Il y a des déviants qui deviennent psychologues ou
psychiatres et qui tentent de réécrire la psychologie du point de vue
pathologique !
Silvia CATTORI : Un des points
faibles de notre société n’est-il pas la tolérance dont nous faisons
preuve envers ces monstres ? Cela leur permet de créer plus de conflits
et de tuer plus d’innocents !?
Henry : Est-ce de la tolérance ou de l’ignorance ? Les gens ne sont pas conscients qu’il existe une catégorie de gens, que nous qualifions parfois de « pas tout à fait humains »,
qui nous ressemblent, qui travaillent avec nous, que nous retrouvons
dans toutes les races, toutes les cultures, qui parlent toutes les
langues, mais qui n’ont pas de conscience – et s’il y a quelque chose
qui sépare réellement les humains des animaux, je suggérerais que c’est
cela : la conscience.
Nous sommes tolérants envers les autres, en dépit des crimes les plus horribles, parce quenous projetons nos propres états intérieurs sur eux, nous supposons que quand ils expriment des remords, c’est qu’ils les ressentent vraiment. Mais pour ces déviants, il n’y a pas de remords, ce n’est qu’un rôle, un peu de comédie pour nous faire croire par la tromperie qu’ils sont « comme nous ».
Silvia Cattori : Alors,
la seule chose à faire est de continuer à dire la vérité. Et de nous
dire que même si ceux qui mentent gagnent toujours contre la vérité, à
long terme, quand de plus en plus de gens diront la même chose, petit à
petit cette vérité permettra peut-être aux gens de réfléchir ?
Henry : La vérité est la seule chose digne de nos efforts.
Ce qui nous sépare du psychopathe est notre conscience, et notre
conscience doit devenir la voix de la vérité. La vraie conscience – si
nous l’écoutons – nous élève au-dessus de l’exemple du comportement
animal établi par les pathocrates. Pensez aux horreurs d’Abu Grahib. Si
la conscience de ces soldats (à supposer qu’ils en aient une) n’était
pas endormie, ils auraient refusé de commettre ces atrocités.
Si les milliards de gens dotés de conscience pouvaient entendre sa voix, il n’y aurait plus de guerre.
On
trouverait d’autres moyens pour résoudre les différends. Si nous
écoutions notre conscience, il n’y aurait plus de famine parce que nous
ressentirions la peine et la souffrance de ceux qui meurent de faim et
nous serions incapables de ne pas faire quelque chose pour les soulager.
Et dans nos propres vies, nous devons penser à la façon dont nous tuons
notre propre conscience et commencer à faire des choix douloureux afin
de l’écouter avant qu’elle ne disparaisse pour toujours.
Silvia Cattori : En
conclusion, il y aurait des manipulateurs partout. Ils formeraient une
partie de la société qui est structurée selon ce modèle, une structure
qui leur permet de se comporter selon ce fonctionnement psychologique
pervers où qu’ils interviennent ? Ce seraient des gens à l’esprit
tordus, qu’aucun code moral ne retient, prêts à tout pour défendre leurs
intérêts ? Ils seraient de plus en plus nombreux et non pas
nécessairement liés à une idéologie spécifique ? Est-ce à dire que dès
que nous commençons à soupçonner quelqu’un d’appartenir à ce pourcentage
de gens tordus, devons-nous adopter une attitude différente ?
Henry : Oui. Nous devons apprendre à dire non aux manipulations. Cela signifie qu’il nous faut apprendre de quelles façons nous sommes manipulés, et refuser d’entrer dans leur jeu.
Laura
: De manière générale, une capacité à tricher, à entrer en compétition
et à mentir s’avère être une adaptation extraordinairement réussie.
Ainsi, l’idée que la pression de la sélection pourrait permettre à la
sainteté de se répandre dans une société semble peu plausible en
pratique. Il semble impossible de rivaliser avec les gènes qui
promeuvent la compétitivité. « Les types biens » se font évincer ou leur « race » s’éteint. Les gens heureux ignorants de même.
Aujourd’hui,
le bonheur et la gentillesse sont de plus en plus rares, et la misère
et la souffrance de ceux qui sont capables de ressentir de véritables
sentiments, qui ont de l’empathie pour les autres êtres humains, qui ont
une conscience, sont hélas monnaie courante. Et les manipulations
psychopathiques sont destinées à nous rendre tous psychopathes.
Néanmoins,
une prédisposition à la conscience et à l’éthique peut l’emporter si et
quand elle est aussi capable de mettre en pratique l’altruisme le plus
profond : faire de l’objet de son empathie l’idéal le plus élevé ;
répandre la liberté et l’altruisme au sens abstrait, pour les autres, y
compris nos descendants.
En bref, nous devons investir notre « intérêt personnel »
dans l’assurance collective que tous les autres sont heureux et bien
disposés, aussi ; et en s’assurant que les enfants que nous mettons au
monde ont le choix d’être heureux par nature et bienveillants les uns
envers les autres.
Cela signifie que si la psychopathie menace le
bien-être de l’avenir du groupe – ce qu’elle est en train de faire
actuellement – alors on ne peut s’en sortir que par un refus massif de
se laisser dominer par elle au niveau personnel, individuel. Préserver
la liberté pour soi-même au sens pratique préserve au bout du compte la
liberté des autres. La protection de nos propres droits comme ceux des
autres garantit la position de libre-arbitre et les chances de bonheur
pour tous. Si les psychopathes mutants posent un danger potentiel, alors
la véritable empathie, la véritable éthique, la véritable conscience
commandent le recours à une thérapie prophylactique contre les
psychopathes.
Ainsi, il apparaît
qu’identifier les psychopathes, cesser d’interagir avec eux, les isoler
de notre société, nous rendre indisponibles comme « nourriture »
ou comme objets à tromper, manipuler et à utiliser, est la seule
stratégie, la plus efficace, que nous puissions mettre en oeuvre.
[1] A. Lobaczewski. Ponérologie politique : étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques. Les Éditions Pilule rouge.
[2]
Les deux premiers manuscrits furent perdus, comme il le décrit dans la
préface. Le premier fut brûlé quelques minutes avant l’arrivée de la
police lors d’une perquisition à son domicile, et le deuxième fut envoyé
au Vatican via un intermédiaire dont on n’entendit plus jamais parler.
La troisième version, celle publiée par « Red Pill Press », fut écrite
lorsqu’Andrzej vivait aux États-Unis durant les années Reagan. Zbigniew
Brzeszinki avait proposé de l’aider à trouver un éditeur, mais après
plusieurs mois, il devint clair qu’au mieux il ne faisait rien, et qu’au
pire il s’employait activement à faire en sorte que l’oeuvre ne soit
jamais publiée.
[3] Without Conscience [Sans conscience - NdT] de Robert Hare, The Mask of Sanity [Le masque de santé mentale - NdT] de Hervey Cleckley, et Snakes in Suits [Des serpents en costume-cravate - NdT] de Hare et Paul Babiak
[4] PCL-R : Psychopathy Checklist – Revised : liste des caractéristiques psychopathiques – NdT
[5] Il existe une controverse qu’il faut expliquer si l’on veut comprendre les possibilités de détection.
D’un
côté de la controverse, on trouve la description traditionnelle de la
psychopathie dérivée de l’ancienne tradition européenne mentionnée par
Lobaczewski, combinée à la tradition nord-américaine d’Hervey Cleckley,
Robert Hare et d’autres. Elle s’accorde généralement avec l’expérience
des psychiatres, psychologues, personnel de justice criminelle,
psychopathologistes expérimentaux, et même des membres du public profane
qui ont personnellement eu affaire à la psychopathie.
De l’autre
côté de la controverse, on trouve un mouvement « néo-kraepelinien » dans
le psychodiagnostic, mouvement étroitement associé aux recherches
menées par l’université de Washington, à St Louis, dans le Missouri. Ce
dernier point de vue est très étroitement aligné sur le critère de
diagnostic du manuel psychiatrique américain connu sous les noms de
DSM-III, DSM-III-R, et DSM-IV (DSM : Diagnostic and Statistical Manual
of Mental Disorders (Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux) – NdT). L’approche fondamentale de cette école est que
l’évaluation d’un psychopathe repose presque entièrement sur des
comportements connus ou observables en public, ce qui va directement à
l’encontre de ce que l’on sait concrètement au sujet des psychopathes.
Une
des conséquences de l’ambiguïté inhérente aux critères
d’ASPD/psychopathie du DSM-IV est qu’elle laisse la porte ouverte à des
procès au cours desquels un clinicien peut dire que l’accusé satisfait à
la définition d’ASPD présente dans le DSM-IV, et un autre clinicien
peut dire le contraire, et les deux peuvent avoir raison !
Cet
échec du DSM-IV à différencier entre psychopathie et ASPD peut avoir (et
aura sans aucun doute) de très graves conséquences pour la société.
[6]
ERP : Event Related Potential, Potentiel Évoqué, en français (PE). En
électroencéphalographie, un potentiel évoqué désigne le signal
électrique produit par le système nerveux en réponse à une stimulation
externe (son, lumière) ou interne (prise de décision, préparation
motrice). Ce signal étant en général très faible, il est nécessaire de
répéter l’enregistrement un grand nombre de fois de façon à moyenner
toutes ces mesures et à obtenir une caractérisation du potentiel évoqué
qui soit fiable.
[7] La tâche de décision lexicale est une
expérience comportementale, c’est-à-dire une expérience visant
l’exploration psychologique d’un comportement. Elle consiste à présenter
des mots ou des pseudomots (chaînes de caractères qui respectent les
règles phonotactiques de la langue, comme cateau). On demande alors aux
sujets de répondre le plus rapidement et le plus précisément possible si
c’est un mot ou un pseudomot. Cette tâche peut être visuelle ou
auditive. Source : Wikipédia – NdT
[8] On ne peut guérir ce que l’on ne connaît pas – NdT
[9]
Les attaques false flag (littéralement : faux drapeau) sont des
attaques menées sous le couvert du drapeau adverse, dans le cadre
d’opérations spéciales – NdT
[10] Littéralement « gentil
flic/méchant flic ». C’est une technique policière éculée. Deux
inspecteurs interrogent un suspect. L’un offre le café, une cigarette et
s’évertue à détendre l’atmosphère. L’autre menace, crie, déstabilise.
Scène classique, le second quitte la salle d’interrogatoire sous un
prétexte quelconque et se met derrière une glace sans tain d’où il peut
observer la suite des événements sans être vu. Le premier, le gentil,
conseille au suspect de coopérer, car c’est le seul moyen de calmer son
collègue qui est capable de commettre une « folie ». Source – NdT
Autres articles d'intérêt :
Psychopathes au-delà de la folie / 13 règles à suivre lorsqu'on a à faire à des psychopathes / Humanité : les 2 races
Source : http://zone-7.net/v3/psychopathie/sommes-nous-gouvernes-par-des-psychopathes-dangereux
Liens en vrac :
- http://violence.morale.over-blog.com/article-les-manipulateurs-sont-parmis-nous-47714441.html?fb_action_ids=4948257833498&fb_action_types=og.likes&fb_source=aggregation&fb_aggregation_id=288381481237582
-
Source : http://zone-7.net/v3/psychopathie/sommes-nous-gouvernes-par-des-psychopathes-dangereux
Liens en vrac :
- http://violence.morale.over-blog.com/article-les-manipulateurs-sont-parmis-nous-47714441.html?fb_action_ids=4948257833498&fb_action_types=og.likes&fb_source=aggregation&fb_aggregation_id=288381481237582
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