Wayne Morris, producteur et interviewer à Radio CKLN FM 88.1 de l'Université Polytechnique Ryerson, à Toronto, Ontario, au Canada, a eu le courage de faire une enquête très approfondie sur le problème de la programmation mentale. Pendant huit mois, entre fin 1997 et fin 1998, il a interviewé à la radio 24 personnalités, survivants ou spécialistes de la programmation mentale. Il a fallu interviewer certaines personnes plusieurs fois, compte tenu de la longueur de leur témoignage
Article de Wayne Morris de Radio KLN, Toronto.
L’original
de cet article peut être consulté en anglais sur le site Internet :
http://www.mindcontrolforums.com/radio/ckln03.htm (lien mort)
Avertissement
: Nous prévenons les lecteurs trop jeunes ou trop sensibles que cet article
contient des informations susceptibles de le choquer. Nous l'invitons donc à la
prudence, et même à ne pas lire cet article s'il estime qu'il pourrait avoir du
mal à en supporter le contenu.
Cet
article présente le témoignage de deux survivantes des Illuminati, qui ont subi
les tortures de la programmation mentale et ont été soumis à des expériences
impliquant notamment leur irradiation atomique.
Introduction
de Wayne Morris :
Bonjour,
et bienvenue sur nos ondes ! Nous poursuivons notre série d'émissions sur le
contrôle mental. Vous avez déjà entendu une conférence et une interview du Dr
Colin Ross, qui vous a décrit en détail l'histoire de l'implication de la CIA
dans la programmation mentale, et celle des programmes d'expérimentations
menées dans ce domaine. Nous allons entendre aujourd'hui des témoignages, qui
ont déjà été donnés le 15 mars 1995 devant la Commission Consultative
Présidentielle sur les expériences impliquant l'irradiation délibérée d'êtres
humains. Le Président Clinton a présenté ses excuses et a fait verser à un
certain nombre des victimes de ces expériences des rémunérations
compensatoires. A la fin de leur audition devant cette Commission, Valerie
Wolf, Claudia Mullen et Christine De Nicola ont affirmé que les expériences
avec des radiations étaient faites dans le cadre de la programmation mentale.
Nous entendrons ces témoignages à la fin de notre émission. Nous allons d'abord
écouter Claudia Mullen nous dire ce qu'elle a ressenti quand elle a témoigné
devant la Commission Présidentielle. Claudia est une survivante des expériences
de programmation mentale menées par la CIA depuis de nombreuses années. Ces
expériences étaient conduites au sein de l'Université Tulane, dont nous a déjà
parlé le Dr Colin Ross. Ces trois femmes sont très courageuses pour avoir
accepté de parler, car elles brisent un silence dans lequel sont encore
enfermés de nombreux survivants.
Claudia
Mullen parle de son témoignage devant la Commission. (Elle parle parfois
d'elle-même à la troisième personne).Quand elle a quitté cette salle où s'était
réunie la Commission, elle savait que sa vie n'allait plus jamais être la même.
Car on lui avait demandé de témoigner devant une Commission Présidentielle
d'enquête. J'aimerais vous raconter ce que cela a représenté pour moi…Quand
elle est entrée dans cette salle, elle savait qu'il y avait là beaucoup de gens
importants, ainsi que beaucoup de gens ordinaires, des gens de tout âge. Mais
les seuls qui manquaient, c'étaient les enfants. Il n'y avait aucun enfant dans
cette Commission.
C'est
pourtant une bonne chose, car nous parlons de choses qui font très peur. Elle
s'en rend compte en écoutant parler les personnes qui témoignent avant elle.
C'est très poignant, ce qu'ils racontent. Elle est tellement émue qu'elle en
oublie un peu sa propre nervosité. Quand on l'appelle par son nom, elle
comprend que c'est à elle de donner son témoignage. Elle se lève, donne son
témoignage, et répond aux questions. Quand elle quitte la salle, elle réalise
soudain que tout le monde la connaît à présent par son nom. Tout le monde la
félicite pour son courage, alors qu'elle est encore terrorisée. Elle ne peut
pas comprendre pourquoi tout le monde lui dit à quel point elle est courageuse.
Elle a donc raconté son histoire. Elle a parlé de sa mère adoptive, "Maman
Monstre", du Maître, du camp, des cabanons, de cet endroit appelé Deep
Creek Lodge. J'ai oublié de vous dire comment elle s'était souvenue de tout
cela… Rappelez-vous qu'elle oubliait toujours tout… J'ai toujours tout oublié…
Quand je rentrais chez moi, j'oubliais tout ce qui s'est passé… Mais maintenant
j'ai des souvenirs qui me reviennent. En octobre 1992, il m'est arrivé quelque
chose, qui n'avait rien à voir avec tout ce dont nous parlons… Un homme est venu
la voir chez elle, un homme qu'elle connaissait. Il l'a agressée, l'a violée,
et l'a battue pendant des heures. Il lui semble qu'il ne lui est jamais rien
arrivé d'aussi horrible, bien qu'elle ait été habituée à ce genre de
traitement. Mais, après ce jour, elle a soudain commencé à avoir des
cauchemars, et les souvenirs de son passé ont commencé à faire surface, comme
des flashes. Et tous ses souvenirs ont commencé à lui revenir. Au moment où
elle est allée témoigner à Washington, elle avait récupéré à peu près la moitié
des souvenirs de son passé. C'était donc assez difficile pour elle de
témoigner, parce qu'elle devait constamment contrôler ce qu'elle disait. Mais
cela s'est bien passé, et c'est pourquoi je dis qu'elle ne sera plus jamais la
même après cela. Il n'y aurait plus de retour en arrière. Dès que j'ai commencé
à parler, il fallait que je continue à parler, sinon ils vous auraient coincé.
Pour être honnête, je dirais qu'il y a beaucoup de bonnes choses dans le fait
de témoigner, mais aussi certaines choses qui sont moins bonnes. Ce qui était
bon, c'est que les gens l'ont crue quand elle a donné son témoignage. Quand
elle a commencé à retrouver ses souvenirs, après tant d'années, elle a suivi un
traitement et une thérapie. Puis elle a commencé à écrire à une allure folle
des pages et des pages, jusqu'à ce que cela devienne un gros livre, sur ses
souvenirs, sur les gens qu'elle avait connus, sur l'argent qu'ils avaient, sur
leurs conversations, sur les endroits où elle était allée… Elle a envoyé ces pages
à divers experts dans tout le pays, qui se sont efforcés de tout vérifier. Mais
il y avait beaucoup de choses qui n'avaient jamais été écrites nulle part, même
si ces experts pensaient que cela devait figurer dans les archives de la CIA…Il
est bon qu'elle se soit levée pour témoigner. Chaque fois qu'elle raconte son
histoire, c'est une thérapie pour elle, et il lui semble qu'elle guérit un peu
plus. Elle donne aussi à d'autres survivants l'occasion de raconter leur propre
histoire. Il faut bien que quelqu'un commence… Depuis ce jour, d'autres
personnes ont aussi commencé à parler. Elle a aussi rencontré beaucoup
d'adultes qui ont été torturés lorsqu'ils étaient enfants. Elle sait à présent
qu'elle n'est plus seule. Pendant toutes ces années, même si ses souvenirs
revenaient, elle était vraiment seule. Elle pensait qu'elle était spéciale ou
bizarre. Ce qui est mauvais, quand vous témoignez, c'est que cela devient
public. Mais, d'un autre côté,vous ne pouvez plus être attaquée en justice,
tant que vous dites la vérité. Et c'est ce que j'ai fait…Vous accusez certaines
personnes, mais ils ne peuvent pas vous traîner en justice, parce que vous
donnez votre témoignage, et qu'il est vrai. Vous pouvez tout dire, et personne
ne peut rien vous faire. C'est quelque chose que je ne crains pas, que
quelqu'un me fasse un procès. On m'a menacée, harassée, et attaquée depuis que
j'ai témoigné. Je ne dirais pas la vérité si je vous disais que tout s'est très
bien passé pour moi depuis mon témoignage. Il y a eu des mauvais jours. Mais je
le referais, si j'avais à le refaire. Je ne changerais rien à ce que j'ai dit,
et je le referais sans hésiter une seconde. Je le referais encore, quand tous
mes souvenirs seront complètement revenus. Cela aurait été mieux si j'avais
récupéré tous mes souvenirs avant de témoigner. Parce qu'ils ont employé des
drogues, des électrochocs et toutes sortes de sévices, ainsi que l'hypnose,
pour perturber et détruire ma mémoire. Ils pensaient que, même si je commençais
à me souvenir de ces choses, ce serait tellement confus que cela ne serait plus
crédible. Ils ont aussi ajouté certaines cérémonies sataniques, et d'autres
choses semblables, qui vous rendent folle si vous commencez à vous en souvenir
! Mais mon témoignage aurait été un peu plus précis. Il y a encore certaines
confusions, dans les noms des gens par exemple. Mais quand j'ai récupéré mes
souvenirs, je me souvenais de tout précisément. Vous ne pouvez plus changer mon
témoignage. Une fois qu'il est donné, il est donné. Peut-être que vous auriez
aimé en voir un petit extrait sur vidéo. Mais je n'ai pas apporté de vidéo,
parce que je n'aime pas me voir sur un film. Je n'ai rien contre les photos,
mais je ne peux pas supporter de me voir sur un film. Je crois que vous vous
doutez pourquoi. Je voulais seulement vous donner une idée de ce qui s'est
passé devant cette Commission. Plus tard, nous l'espérons, il y aura aussi une
Commission d'enquête sur les victimes de la programmation mentale. La
Commission devant laquelle j'ai témoigné s'intéressait surtout aux victimes des
irradiations. Pourtant, quatre témoins étaient aussi victimes de la
programmation mentale, mais la Commission enquêtait seulement sur les
irradiations. Je crois que j'ai eu de la chance dans ce domaine, parce que je
n'ai pas été soumise à beaucoup de radiations. Ils se servaient des rayons X,
et cela m'a fait très mal. Mais d'autres victimes de la programmation mentale
ont été soumises à de très fortes radiations, et c'est pour cela que nous avons
témoigné devant cette Commission. Ce que nous nous efforçons de faire, c'est
expliquer comment fonctionnait tout ce système. Nous essayons de faire nommer
une Commission d'enquête sur la CIA pour examiner ses archives relatives à la
programmation mentale…On ne nous a donné que deux semaines et demie pour nous
préparer. Je suis venue avec ma thérapeute, et une autre fille de la
Nouvelle-Orléans. Il y avait aussi une fille du Nouveau-Mexique,qui est venue
donner son témoignage. Six autres personnes ont aussi témoigné, mais seulement
sur les radiations. Nous pouvions fournir à l'avance tous les documents que
nous voulions, mais nous n'avions droit qu'à cinq minutes pour nous exprimer.
En fait, ils nous ont laissé un peu plus de temps. Puis ils ont laissé du temps
pour les questions. J'ai parlé des questions dans mon compte-rendu, parce que
c'était un moment difficile. Ce n'étaient pas des questions difficiles. Mais
c'était le fait d'être le point de mire, et de ne pas savoir ce que l'on allait
vous poser comme questions. Cela vous donnera une idée des choses que l'on peut
nous demander… Ma thérapeute a parlé avant moi. Elle a montré qu'il y avait un
lien entre les radiations et la programmation mentale. Elle a parlé de la
manière dont les souvenirs ont commencé à revenir, et de tous les contacts qu'elle
a pris avec d'autres thérapeutes dans tout le pays. Leurs clients disaient tous
la même chose que moi. Pas exactement la même chose, mais des choses tellement
semblables que c'était très étrange de le réaliser. J'ai donné une foule de
détails dont je me rappelais, les noms, les lieux, les dates…Au mois d'octobre
dernier, nous avons obtenu le rapport final de la Commission. Il faisait deux
pages… Personne ne nous a appelées pour nous informer que la Commission avait
fait des recommandations. Nous avons obtenu le rapport sur Internet. Quelqu'un
me l'a envoyé par e-mail. Il faut savoir que ces Commissions se réunissent
pendant environ un an. Elles se déplacent dans tout le pays, pour que
différentes personnes puissent venir témoigner. Elles vont partout. Cela durait
depuis mars 1994. Je dois dire qu'ils nous ont écoutées, parce qu'ils ont
recommandé que toutes les archives de la CIA concernant les recherches secrètes
sur des êtres humains, comme le programme MKULTRA, soient remises en
circulation et rendues publiques. Bien sûr, cela ne s'est pas encore produit.
Il faut encore pousser le gouvernement à enquêter et à informer le public.
Certaines associations se sont créées, comme ACHES-MC "Advocacy Committee
for Human Experimentations Survivors - Mind Control" (Comité de soutien
des victimes d'expérimentations humaines en matière de contrôle mental). Elles
peuvent me corriger si je me trompe, mais elles se sont créées parce que nous
avions commencé à témoigner et à entrouvrir uneporte. Il existe aussi un livre
écrit par Jon Rapaport, intitulé "US Government Mind Control Experiments
on Children : They Want to Know" (Expériences gouvernementales concernant
le contrôle mental des enfants : Ils veulent savoir)…Les gens continuent à me
demander où sont les preuves écrites. Tout d'abord, je considère que mes
souvenirs sont une preuve. Nous avons vérifié, avec ma thérapeute, l'exactitude
de tous les détails dont je me souvenais : les endroits, les noms des projets
de la CIA, les dossiers médicaux et psychiatriques, les dossiers scolaires…
Quand j'étais à l'école primaire, je manquais environ un tiers de chaque année
scolaire, et c'est facile à prouver. Pourtant, je suis toujours passée en
classe supérieure, je ne sais pas pourquoi. On peut aussi enquêter auprès des membres
de nos familles. Certains se rappellent les brûlures que j'avais parfois. Ma
sœur se rappelle que j'avais été traitée à l'Université Tulane. Il y aussi des
photos de mon enfance. Ma mère gardait des albums de photos. On peut voir que
je n'étais jamais photographiée à l'occasion de Noël, sauf deux années. Tous
les autres membres de ma famille sont photographiés, sauf moi. Il y a les
photos d'anniversaire de ma sœur, mais aucune en ce qui me concerne. Il y a des
notes, des cartes postales, tout ce qui peut être réuni sur mes tortionnaires.
Je possède une carte de Noël de "l'oncle Otto"… C'est le Maître qui
me l'avait donnée, en me disant que c'était "l'oncle Otto" qui me
l'avait envoyée. Il m'avait aussi envoyé une poupée comme cadeau de Noël. Mais
ils me l'ont prise. On m'a fait beaucoup souffrir. Et l'on continuera sans
doute à le faire quand je rentrerai chez moi. Il y a des gens qui m'écrivent.
je fais venir la police à chaque fois. On écrit sur ma maison, sur ma voiture,
sur ma clôture. Le plus souvent, avec de la peinture rouge, parfois avec du
sang d'animal. On me fait toutes sortes de menaces : "A mort !"
"Ferme-là !" et d'autres choses encore. Quand cela m'arrive, je fais
venir la police pour qu'ils prennent des photos pour mon dossier. Je garde tout
le courrier que je reçois. Je peux même identifier ceux qui me téléphonent.
Parfois, on me téléphone pour me donner des mots codés qui sont supposés
m'obliger à faire certaines choses. On m'appelle Chrystal, nom qui était le
mien pour les expériences. Chaque mois, avec ma facture de téléphone, je
demande qu'on m'indique les noms de tous ceux qui m'appellent chez moi…Il y a
aussi la similarité des témoignages de tous les survivants. Une bonne idée,
c'est aussi de retourner dans tous les lieux où l'on a fait des expériences sur
vous, pour voir s'ils en font toujours. Mais n'y allez jamais seuls ! Vous
seriez surpris de savoir que beaucoup d'endroits sont toujours les mêmes.
L'Université Tulane est toujours là, et elle se porte bien. Bien sûr, il y a
aussi les archives de la CIA. Si elles sont rendues publiques un jour, on y
trouvera des informations qui ne figurent nulle part ailleurs. J'ai dû prendre
une thérapeute, parce que j'avais peur des souvenirs qui venaient en
flash-back. Chaque survivant doit décider lui-même s'il doit parler. Mais je
crois que vous comprenez à quel point c'est important, car cela aide à guérir.
Et cela vous permet de rencontrer des gens que vous n'auriez jamais pensé
rencontrer. Des gens qui ont vécu les mêmes choses que vous. Cela vous permet
de valider votre propre histoire. C'est très important. Vous devez décider
vous-mêmes si les avantages sont plus grands que les inconvénients. Quant à
moi, je vous l'ai dit, je recommencerais sans hésiter une seconde. Quelqu'un a
dit que les grands esprits ont toujours dû affronter une violente opposition de
la part des médiocres. C'est Albert Einstein qui l'a dit, et j'aime cette
phrase !
Enregistrement
des témoignages devant la Commission. Wayne Morris: Nous allons à présent
entendre les témoignages devant la Commission qui s'est réunie à Washington en
mars 1995. Vous entendrez d'abord Valerie Wolf, thérapeute de Claudia Mullen,
ensuite Chris De Nicola, puis Claudia Mullen.
Le
porte-parole de la Commission: Pardonnez-moi si je ne prononce pas vos noms
correctement. Nous allons maintenant entendre Mmes Chris De Nicola, Valerie
Wolf et Claudia Mullen. - Est-ce que vous venez toutes les trois de la
Nouvelle-Orléans ? - Oui.
Merci
d'avoir fait l'effort de venir ici pour témoigner.
Valerie
Wolf (thérapeute de Claudia Mullen): C’est moi qui vais commencer. Je m'appelle
Valerie Wolf. J'ai écouté tous les témoignages précédents, et ils me semblent
très familiers. Je suis ici pour vous parler d'un lien possible entre les
radiations auxquelles ces victimes ont été soumises, et la programmation
mentale. Ces expériences ont commencé à la fin des années 40. Si je mentionne
la recherche sur la programmation mentale, c'est avant tout parce que les
témoins affirment avoir, dès leur enfance, été l'objet d'expériences impliquant
l'exposition à des radiations et à des produits chimiques, en association avec
la programmation mentale. Les médecins qui les exposaient aux radiations et qui
leur administraient des produits chimiques étaient les mêmes que ceux qui faisaient
des recherches sur la programmation mentale. Dans tout le pays, beaucoup de
personnes ont révélé les noms de ces gens, ainsi que les noms de leurs projets.
Il est important de comprendre que des techniques de contrôle mental peuvent
avoir été utilisées pour intimider les sujets, même lorsqu'ils sont devenus
adultes, afin de les empêcher de parler, et de révéler qu'ils ont été les
victimes de programmes de recherches financés par le gouvernement. Cela fait
vingt-deux ans que je suis thérapeute. Je me suis spécialisée dans le
traitement des victimes de ces programmes, et même de certains de leurs
bourreaux, ainsi que de leurs familles. Quand ils ont su que j'allais témoigner
devant cette Commission, près de quarante autres thérapeutes de tout le pays m'ont
contactée pour me parler de certains de leurs clients, qui avaient aussi été
soumis à des radiations et aux techniques de programmation mentale. Je n'avais
qu'une semaine et demie pour me préparer. Tous ces témoignages mettent en avant
la corrélation étroite qui existe entre la programmation mentale et toutes
sortes de techniques traumatisantes, comme les électrochocs, l'usage
d'hallucinogènes, la privation de sensations physiques, l'hypnose, la
dislocation de membres, ou les sévices sexuels. Cette concordance est
remarquable. Il n'existe presque aucune publication concernant la programmation
mentale des enfants. Mais nous voyons aujourd'hui se manifester dans tout le
pays d'anciennes victimes, qui n'ont aucun contact les unes avec les autres. Ce
qui est étonnant, c'était d'entendre tous ces thérapeutes me dire que beaucoup
de ces victimes étaient physiquement malades, et souffraient de maladies
auto-immunes, de problèmes thyroïdiens, de sclérose en plaques, et d'autres
maladies musculaires, ou de maladies mystérieuses qui n'ont pas encore pu être
diagnostiquées. Sans parler d'autres troubles somatiques très fréquents chez
ces patients. Ces expériences sur des êtres humains, ordonnées par le
gouvernement, ont donc entraîné de nombreuses maladies chez ces victimes. L'un
des témoins que je viens d'entendre se plaignait de kystes et de brisements
spontanés de ses dents. Cela m'a frappée, parce que l'un de mes clients
présente justement les mêmes symptômes. Beaucoup de ces victimes ont peur de
raconter leur histoire à leurs médecins, parce qu'ils craignent qu'on les
prenne pour des fous. Certaines d'entre elles ont nommé les mêmes personnes,
comme ce Docteur Greene, accusé par beaucoup d'avoir torturé et violé des
enfants, au cours d'expériences de programmation mentale. L'un de mes clients a
même réussi à savoir qu'il s'appelait le Dr L. Wilson Greene. Nous avons
découvert que l'un des Directeurs Scientifiques des Laboratoires Chimiques et
Radiologiques de l'Armée portait ce nom. Il faisait des recherches pour l'armée
et pour les services secrets. Parmi les autres noms qui ont été cités, figurent
ceux du Docteur Sidney Gottlieb et du Docteur Martin Orne (également impliqué
dans la recherche radiologique).Il faut rappeler ici que les victimes qui se
sont souvenues du nom de ces personnes l'ont fait spontanément, sans l'aide
d'aucune technique, comme l'hypnose. Chaque fois qu'il était possible, nous
nous sommes efforcés de vérifier ces souvenirs auprès de toutes les sources
possibles. Nous avons souvent tenté d'obtenir des informations en faisant jouer
la Loi sur la Liberté d'Information, pour avoir accès aux données concernant la
programmation mentale. En général, nos demandes ont été repoussées. Toutefois,
nous avons pu obtenir certaines informations qui ont confirmé ce que nous
avaient dit nos clients. Beaucoup de dossiers concernant le programme MKULTRA
ont été détruits. Mais il reste toutefois un certain nombre de données très
intéressantes, concernant en particulier les projets BLUEBIRD et ARTICHOKE,
pour ne nommer que ces deux-là. En outre, s'il est prouvé que certaines
personnes ont été soumises à des expériences où elles étaient exposées à des
radiations, il se peut que les archives concernant les recherches sur la
programmation mentale révèlent aussi que l'on a employé des radiations à cette
occasion. Nous avons besoin d'avoir accès à ces archives pour permettre la
réhabilitation et le traitement des nombreuses victimes, qui présentent de
graves problèmes psychologiques et médicaux. Ces problèmes pèsent sur leur
bien-être social, émotionnel et financier. Je vous demande donc d'inclure dans
vos recommandations une demande d'enquête dans tous ces domaines. Il est vrai
qu'une Commission avait été nommée vers la fin des années 70 pour enquêter sur
la programmation mentale. Mais elle ne s'est pas intéressée aux expériences
faites sur les enfants. A cette époque, ces enfants étaient trop jeunes, ou ils
faisaient encore l'objet d'expériences et ne pouvaient pas parler. La seule
manière d'en finir avec les souffrances de toutes ces victimes est de rendre
public tout ce qui s'est passé lors de ces recherches sur la programmation
mentale. Veuillez donc recommander que l'on ouvre une enquête, et que toutes
archives concernant les expériences de programmation mentale sur les enfants
soient rendues publiques. Merci.
Témoignage
de Chris De Nicola : Bonjour. Je m'appelle Chris De Nicola. Je suis née en
1952. J'ai été soumise à des radiations. Un homme que je connaissais sous le
nom de Docteur Greene m'a soumise à des expériences de programmation mentale,
en me forçant à absorber des drogues. Mes parents ont divorcé en 1966.Mon père
naturel, Donald Richard Ebner, était associé au Docteur Greene pour les
expériences de ce dernier. J'ai dû les subir entre 1966 et 1976. En ce qui concerne
les radiations, le Docteur Greene a concentré ses expériences sur mon cou, ma
gorge et ma poitrine en 1970, à nouveau sur ma poitrine en 1972, puis sur mon
utérus en 1975. A chaque fois, j'avais des vertiges et la nausée, et je
vomissais. Toutes ces expériences étaient toujours associées à la programmation
mentale. Cela se passait à Tucson, en Arizona. Le Docteur Greene m'a surtout
utilisée comme cobaye pour la programmation mentale, entre 1966 et 1973. Son
objectif était de me contrôler mentalement pour me former en tant qu'espionne
et assassin. Mes premiers souvenirs significatifs remontent à 1966, lorsque
j'ai été conduite à l'Université de Kansas City. Don Ebner m'y a conduite en
avion, à un moment où ma mère était absente. Il m'a conduite dans un endroit
qui ressemblait à un laboratoire. Il me semblait qu'il y avait là d'autres
enfants. On m'a déshabillée, et on m'a attachée sur une table, sur le dos. Le
Docteur Greene a placé des électrodes sur mon corps et sur ma tête. Il
utilisait une sorte de projecteur. Il me répétait sans cesse qu'il implantait
différentes images dans mon cerveau, pendant qu'un flash de lumière rouge était
dirigé vers mon front. Entre chaque séquence, il me faisait subir des
électrochocs, en me demandant de plonger toujours plus profondément dans mon
cerveau. Il répétait chaque phrase plusieurs fois, en me disant qu'elle
pénétrait profondément dans mon cerveau, et que je devais obéir à tout ce qu'il
me demanderait de faire. Il m'avait fait une piqûre au début de toute la procédure,
et je me sentais droguée. Quand tout fut fini, il me fit une autre piqûre. Puis
je me rappelle que je me suis retrouvée chez mes grands-parents à Tucson.
J'avais quatre ans. Cette expérience vous prouve que le Docteur Greene
employait des drogues, des traumatismes, des suggestions hypnotiques, et toutes
sortes d'autres traumatismes, pour tenter de contrôler mon cerveau et mon
intelligence. Il utilisait les radiations pour étudier leurs effets sur
diverses parties de mon corps, et aussi pour me terroriser. Cela faisait partie
de sa panoplie de traumatismes pour me programmer mentalement. Les autres
expériences ont été réalisées à Tucson, en Arizona, quelque part dans le
désert. On m'apprenait à ouvrir des serrures, à me cacher, à utiliser ma
mémoire photographique. On me montrait comment employer certaines techniques
numériques pour développer ma mémoire. Le Docteur Green me faisait tuer des
poupées qui ressemblaient à des enfants réels. Une fois, après avoir été
sévèrement traumatisée, j'ai poignardé une poupée. Mais, la fois suivante, j'ai
refusé. Le Docteur connaissait beaucoup de techniques pour me faire souffrir.
Mais, en grandissant, je devenais de plus en plus rebelle. Il m'attachait
souvent dans une cage qui était près de son bureau. Entre 1972 et 1976, lui et
ses assistants ne veillaient pas toujours à fermer la cage, et je parvenais
parfois à m'échapper. Chaque fois que je le pouvais, je me glissais dans son
bureau, et j'y ai découvert des dossiers au nom de la CIA, et des rapports
adressés à la CIA ou à l'armée. J'ai pu retenir les noms de codes de beaucoup
de ces recherches sur la programmation mentale, et je les ai signalés dans mon
rapport écrit. Le Docteur Greene m'a surprise deux fois, et il a été sans
pitié. Il m'a soumise à des électrochocs et m'a injecté des drogues. Il m'a
attachée à une table, m'a frappée à l'estomac et dans le dos, m'a disloqué les
membres, et a employé l'hypnose pour me rendre folle et suicidaire. En raison
de ma rébellion et de mon manque croissant de coopération, ils ont fini par
abandonner leur projet de faire de moi une espionne et un assassin. Par
conséquent, au cours des années 1974à 1976, le Docteur Greene utilisa diverses
techniques de programmation mentale pour supprimer ma programmation d'espionne
et d'assassin, et pour m'injecter des programmes de suicide et de mort. Pour
quelle raison ? Il voulait simplement que je meure. Tout au long de mon
existence d'adulte, j'ai lutté pour rester en vie. Si je suis encore vivante,
je crois que je le dois à la grâce de Dieu.Ces horribles expériences ont
profondément affecté ma vie. Ma personnalité s'est fragmentée en personnalités
multiples. Le but du Docteur Greene était de fragmenter ma personnalité au
maximum, pour me contrôler complètement. Il a échoué, mais je souffre depuis
des années de douleurs physiques, mentales et émotionnelles constantes. Cela
fait douze ans que je suis une thérapie régulière. Ce n'est qu'il y a deux ans
et demi, lorsque j'ai rencontré ma thérapeute actuelle,qui connaissait les
expériences de programmation mentale, que j'ai pu enfin commencer à faire de
réels progrès, et que j'ai commencé à guérir.
En
conclusion, je vous demande de garder à l'esprit que les souvenirs que j'ai
évoqués ne sont qu'une petite partie de tout ce que j'ai vécu entre 1966 et
1976. Pour ma part, non seulement j'ai reçu des radiations, mais j'ai aussi été
droguée et programmée mentalement. Je vous ai fourni un rapport écrit qui
détaille ce dont je me rappelle. Veuillez nous aider en recommandant une
enquête et la publication des archives, afin que d'autres victimes puissent
être aidées, et que tous les spécialistes qui s'en occupent puissent les
soigner plus efficacement. Je sais que je peux faire des progrès. Je sais que
je vais mieux. Et je sais que d'autres peuvent aussi être secourus, pourvu
qu'on leur accorde le secours dont ils ont besoin. Je vous prie de nous aider
dans les efforts que nous faisons pour que ces actes abominables ne se
reproduisent plus. Merci beaucoup.
Témoignage
de Claudia Mullen : Bonjour. Entre 1957 et 1984, j'ai été un jouet entre les
mains du gouvernement. Son but ultime était de me programmer mentalement, pour
fabriquer une parfaite espionne. Pour cela, il a eu recours aux produits
chimiques, aux radiations, aux drogues, à l'hypnose, aux électrochocs, à
l'isolation dans des cuves remplies d'eau, à la privation de sommeil, au lavage
de cerveau, et aux violences verbales, physiques, émotionnelles et sexuelles.
J'ai été malgré moi exploitée pendant près de trente ans. Les seules
explications qui m'étaient données étaient que "la fin justifie les
moyens", et que "je servais mon pays dans sa lutte acharnée contre le
communisme". Pour résumer ma vie, je dirais qu'ils se sont emparés d'une
petite fille de sept ans, déjà traumatisée par des sévices sexuels, pour
continuer à la faire souffrir d'une manière qui dépasse l'imagination. Le plus
triste, c'est que je savais que je n'étais pas la seule à être traitée ainsi.
Il y avait un nombre incalculable d'autres enfants dans la même situation.
Jusqu'à présent, personne ne pouvait nous aider. Je vous ai déjà fourni un
rapport écrit dans lequel j'ai inclus un maximum d'informations, y compris des
conversations que j'ai pu entendre dans un certain nombre de services officiels
responsables de ces atrocités. Si j'ai pu vous décrire tout cela avec autant de
détails, c'est grâce à ma mémoire photographique, mais aussi à l'arrogance des
gens concernées. Ils étaient sûrs qu'ils pourraient toujours contrôler mon
cerveau. Pourtant, le fait de me rappeler ces atrocités n'est pas chose facile
pour moi. En outre, ce n'est pas sans danger pour ma famille et moi-même. Mais
je pense que cela vaut la peine de prendre ce risque. Le Docteur L. Wilson
Greene a reçu 50 millions de dollars du Laboratoire Chimique et Radiologique de
la Division Scientifique et Technique de la CIA. Il a un jour expliqué au
Docteur Charles Brown qu'il "préférait choisir des enfants comme sujets de
ses expériences, parce que c'était plus amusant de travailler avec eux, et
aussi moins cher". Il lui fallait des sujets plus faciles à manipuler que
des militaires ou des fonctionnaires du gouvernement. Il a donc choisi de ne
prendre que des "fillettes consentantes". Il avait ajouté :
"D'ailleurs, j'aime les terroriser. A la CIA, ils pensent que je suis
semblable à un dieu, capable de créer, par ses expériences, des sujets qui
obéissent sans discuter à tout ce que Sid et James pourraient imaginer leur
faire faire" (Sid est le Docteur Sidney Gottlieb, James est le Docteur
James Hamilton).En 1958, ils m'ont dit que je devais être "testée"
par un certain nombre de docteurs importants de la Human Ecology Society
(Société d'Ecologie Humaine). On m'a demandé de coopérer avec eux. Je ne devais
pas essayer de regarder leurs visages, ni de chercher à connaître leurs noms, car
il s'agissait d'un projet très secret. Ils me disaient cela pour m'aider à tout
oublier. Naturellement, comme le font tous les enfants en pareil cas, je fis le
contraire, et je m'efforçai de me souvenir de tout. Un certain Docteur John
Gittinger m'a testée. Le Docteur Cameron me donna les électrochocs,et le
Docteur Greene les rayons X. Puis Sid Gottlieb me dit que "j'étais mûre
pour le grand A". Il voulait parler du programme ARTICHOKE (Artichaut).
Quand je suis rentrée chez moi, je ne me rappelais que les raisons données par
le Docteur Robert G. Heath, de la Faculté de Médecine de Tulane, pour expliquer
toutes les traces que je gardais sur mon corps : hématomes, traces de piqûres,
de brûlures, et douleurs dans les parties génitales. Je n'avais aucune raison
de croire que tout cela avait été causé par autre chose. Ils avaient déjà
commencé à contrôler mon cerveau.L'année suivante, on m'a envoyée dans un camp
dans le Maryland, appelé Deep Creek Cabins. Là,on m'a appris comment assouvir
les désirs sexuels des hommes. On m'a appris aussi à les forcer àparler
d'eux-mêmes. Il y avait là Richard Helms, le Directeur Adjoint de la CIA, le
Docteur Gottlieb, le Capitaine George White, et Morris Allan. Ils avaient prévu
de recruter le plus possible de hauts fonctionnaires et de présidents
d'universités, pour que leurs projets puissent continuer, même dans
l'éventualité où les crédits consacrés à la programmation mentale et aux
expériences avec les radiations baisseraient un jour. On m'a utilisée pour
piéger toutes sortes d'hommes qui ne se doutaient de rien (y compris les
responsables eux-mêmes de ces projets !), en utilisant une caméra cachée. Je
n'avais que neuf ans quand je dus subir toutes ces humiliations sexuelles. J'ai
entendu un jour une conversation concernant l'ORD (Office of Research and
Development). Cet Office était dirigé par le Docteur Greene, ainsi que par les
Docteurs Steven Aldrich, Martin Orne et Morris Allan. Le Docteur Gottlieb fit
une remarque plutôt cynique concernant une fuite éventuelle à la Nouvelle-Orléans,
à propos d'un groupe assez important d'enfants retardés mentaux, qui avaient
été soumis à des doses massives de radiations. Il avait demandé au Docteur
Greene pourquoi il se faisait autant de souci à propos de ces enfants retardés
: "Après tout, ce ne sont certainement pas eux qui vont vendre la mèche
!"Une autre fois, j'ai entendu le Docteur Martin Orne, qui dirigeait
l'Office Scientifique, et qui dirigea ensuite l'Institut de Recherche
Expérimentale, dire que "pour continuer à recevoir des crédits pour leurs
projets, il fallait que leurs expériences utilisent encore plus de moyens
coercitifs, et même le chantage". Il avait ajouté : "Il faut que nous
allions plus vite, et que nous nous débarrassions ensuite des sujets, pour
qu'ils ne reviennent pas nous demander plus tard de leur rappeler tout ce qui
s'est passé".Je pourrais vous dire beaucoup d'autres choses sur ces
projets de recherche financés par le gouvernement : les noms des projets et des
sous-projets, les noms des gens impliqués dans les expériences, les lieux, la
nature des tests, et les différents moyens utilisés pour faire souffrir les
sujets. Mais je pense que je vous ai donné suffisamment d'informations pour que
vous puissiez recommander de nouvelles enquêtes sur ces projets de programmation
mentale, surtout parcequ'ils utilisaient largement l'irradiation des sujets.
J'aurais tellement aimé que tout ce que nous avons subi ne soit qu'un rêve
qu'il faut vite oublier. Mais oublier serait une erreur tragique. Ce serait
aussi un mensonge. Ce sont de véritables atrocités que nous avons subies, moi
et tant d'autres enfants, sous prétexte de défendre notre pays. A cause de
l'accumulation des effets nocifs des radiations, des drogues, des produits
chimiques,des souffrances, des détresses mentales et physiques, j'ai été privée
de la faculté de pouvoir travailler normalement, et même d'avoir des enfants.
Il est évident que ces expériences n'étaient nullement justifiées. Dès le
départ, elles n'auraient jamais dû être autorisées. Notre seul moyen de révéler
et de mettre en lumière l'horrible vérité est de rendre publiques toutes les
archives qui peuvent encore exister sur ces projets, par la nomination d'une
nouvelle Commission Présidentielle chargée d'enquêter sur la programmation
mentale. Je crois que tous les citoyens de notre nation ont le droit de savoir
quelle est la part de la réalité, et quelle est celle de la fiction. Notre plus
grande protection, c'est que tout cela ne se reproduise plus jamais. En
conclusion, je ne puis vous offrir que ce que je vous ai offert aujourd'hui :
la vérité. Merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
Questions
posées par la Commission :Le porte-parole de la Commission: Merci pour vos
témoignages. Nous les apprécions d'autant plus qu'il ne vous a pas été facile
de les donner. Y a-t-il des commentaires ou des questions ?
Le
Docteur Duncan C. Thomas (Professeur à l'Université de Californie du Sud,
Faculté de Médecine, Département de Médecine Préventive, Los Angeles) : Puis-je
vous demander ce que faisaient vos parents dans tout cela ? Avez-vous une idée
de la manière dont vous avez été recrutées pour ces expériences ? Aviez-vous
des parents ? Est-ce que vos parents savaient ce qui se passait ?
Chris
De Nicola: Je peux vous répondre brièvement. C'est mon père qui travaillait
avec le Docteur Greene. Ma mère n'était pas au courant, parce que mes parents
ont divorcé quand j'avais quatre ans. Auparavant, ils étaient séparés. Ces
expériences se déroulaient en général au milieu de la nuit, et mon père m'y
amenait pendant que ma mère dormait. Elle ne se doutait absolument pas de ce
qui se passait. Plus tard, quand mes souvenirs sont revenus, et que j'ai
commencé à parler à ma mère de ce qui s'était passé, elle m'a dit que cela ne
l'étonnait pas, et que mon père était parfaitement capable de faire cela. Il
avait été militaire dans l'Armée de l'Air. Il connaissait le Docteur Greene.
Donc, en ce qui me concerne, c'est mon père qui m'a "livrée" pour les
expériences. C'est lui qui s'occupait de moi quand j'étais toute petite. Il a
commencé très tôt à abuser de moi sexuellement. Il m'a volontairement mise
entre les mains du Docteur Greene, mais ma mère n'était pas au courant. La
seule chose qu'elle savait, c'est qu'elle voulait quitter mon père. Elle ne
savait pas pourquoi exactement. Mais elle savait qu'il fallait qu'elle le
quitte, à cause de ma relation avec lui. Excusez-moi, mais je n'avais pas
l'intention de dire tout cela. Merci.
Claudia
Mullen: Voulez-vous que je réponde aussi à votre question ?
Le
Docteur Thomas: C'est vous qui le décidez.
Claudia
Mullen: En ce qui me concerne, j'ai été adoptée à l'âge de deux ans et demi par
une femme qui abusait de moi sexuellement. A cette époque, elle était l'amie du
Président de l'Université Tulane. Très jeune, j'ai commencé à présenter les
symptômes d'un enfant qui a subi des sévices sexuels, notamment la dissociation
de ma personnalité. Elle a demandé au Président de cette Université de lui
recommander un psychiatre pour enfants (pédopsychiatre). Il lui a conseillé le
Docteur Heath, qui était impliqué dans ces recherches. Je me rappelle très bien
tous les tests de personnalité qu'il m'a fait passer. C'est comme cela que j'ai
été recrutée pour ces expériences. Mon père ne se doutait de rien. Il est mort
quand j'étais très jeune. Je ne sais pas si ma mère était réellement au
courant. Pour vous dire la vérité, je ne crois pas qu'elle s'en souciait
beaucoup. Elle est morte quand j'étais adolescente. Par la suite, comme j'étais
seule, ils ont pu se servir de moi plus facilement.
Lois
L. Norris (Second Vice-Président de la Omaha National Bank et de la Omaha
National Corporation, à la retraite) : Vous avez mentionné qu'il y avait
d'autres personnes, dans tout le pays, qui se rappellent avoir vécu des choses
semblables. Est-ce que ces expériences se sont toutes passées pendant la même
période, en général ?
Valerie
Wolf : En général, toutes ces expériences ont commencé vers la fin des années
40. Ce que nous savons, c'est que les victimes étaient étroitement surveillées,
pour contrôler si elles ne commençaient pas à voir revenir leurs souvenirs. Car
on leur avait fait subir des choses tellement atroces… Nous ne connaissons pas
les dates exactes de toutes ces expériences, et à partir de quand les victimes
ont commencé à être surveillées. En gros, on peut dater ces expériences de la
fin des années 40 à la fin des années 70, peut-être même jusqu'en 1984…
Claudia
Mullen: Je sais que ces expériences se sont poursuivies plus tard que cela. Car
lorsque mes parents sont morts, il n'y avait personne pour me protéger. Celui
qui me suivait personnellement était un médecin de l'Université Tulane. C'était
un ami de la famille, et son travail était de vérifier régulièrement que je
restais bien amnésique.
Valerie
Wolf : Nous ne savons donc pas précisément quand ces expériences ont cessé, ni
même si elles ont effectivement cessé…
Claudia
Mullen : Ils continuent à surveiller les victimes. Je cours un certain danger
en venant témoigner ici aujourd'hui, parce que je sais que je suis encore
surveillée.
Valerie
Wolf : Je sais que cela peut paraître incroyable, mais c'est un fait : Claudia
reçoit des lettres, des coups de téléphone… Des gens écrivent des choses sur sa
maison. Ils emploient le pseudonyme qu'elle avait à l'Université Tulane. Ils
étaient le seul à connaître ce pseudonyme.
Claudia
Mullen: Ils ne m'ont jamais appelée par mon vrai nom, jamais.
Lois
L. Norris : Tous ces sujets étaient-ils des enfants à cette époque ?
Valerie
Wolf : Oui, c'étaient tous des enfants. En tant que thérapeutes, nous faisons
tout ce que nous pouvons pour obtenir un maximum d'informations. Nous avons
vérifié une grande partie des souvenirs de Claudia. Voici comment je procède.
Quand des victimes me donnent des informations, je les communique à des experts
comme Alan Scheflin. Alan dispose de beaucoup d'informations, et il me donne
une réponse qui confirme ou infirme ce que je lui transmets. Il n'a jamais
infirmé aucune des informations que je lui ai communiquées. Certaines ne
peuvent pas être confirmées, parce que nous n'avons pas tous les éléments. Mais
beaucoup de souvenirs de Claudia ont été validés. Ils ne figurent dans aucune
publication. La seule manière pour elle de savoir si tous ses souvenirs sont
exacts est de faire jouer la Loi sur la Liberté d'Information. C'est ce que me
dit toujours Alan Scheflin. Je fais très attention à ne pas obtenir trop
d'informations. Si quelqu'un me dit quelque chose, je ne pose pas de questions,
parce que je ne sais pas si cette information est valide.
Le
Docteur Duncan Thomas: Il me semble que pour établir la vérité, il est
essentiel de disposer d'informations précises, notamment écrites. Il m'est
difficile d'imaginer qu'un programme aussi étendu et aussi complexe que celui
que vous décrivez ait pu se poursuivre aussi longtemps sans qu'il y ait un grand
nombre de dossiers établis. La question qui se pose est de savoir où se
trouvent à présent ces dossiers. Il faut les retrouver. Si vous dites que tous
les dossiers sont ceux de la CIA, ils sont donc secrets, et la CIA ne nous les
communiquera pas. Mais vous nous avez décrit une organisation très complexe,
qui comprend aussi beaucoup de gens qui ne font pas partie de la CIA. Il doit
donc exister quelque part de nombreux documents qu'il faut pouvoir découvrir.
Vous venez de mentionner les lettres que certains vous écrivent. Cela peut nous
conduire à d'autres informations. Pouvez-vous décrire tout ce qui a pu être
fait, par vous ou par d'autres personnes, pour retrouver ces informations ? Que
vouliez-vous dire aussi tout à l'heure quand vous disiez que d'autres souvenirs
ont été validés ou vérifiés ?
Valerie
Wolf : C'est le Docteur Alan Scheflin qui pourrait vous répondre. Vous avez son
CV et une déclaration qu'il a faite au sujet de Claudia. Cela fait vingt ans
qu'il fait jouer la Loi sur la Liberté d'Information, pour obtenir ses
informations et les rapprocher. D'autres personnes dans tout le pays font la
même chose. Ils consultent les archives du gouvernement pour obtenir tout ce
qu'ils peuvent obtenir. D'autres ont écrit des livres pour divulguer leurs informations.
Le problème, c'est que lorsqu'on demande au gouvernement des informations, en
faisant jouer la Loi sur la Liberté d'Information, on fait traîner vos
requêtes, on n'y répond pas, ou elles se perdent dans la paperasse. Il est très
difficile d'obtenir des informations.
Le
Docteur Duncan Thomas: Je suis désolé, mais je ne vois pas les pièces dont vous
parlez dans le dossier qu'on m'a fourni. Il doit manquer quelque chose.
Valerie
Wolf : J'ai envoyé un paquet par courrier express. Il aurait dû arriver lundi.
J'en ai envoyéun autre qui aurait dû arriver hier.
Le
porte-parole de la Commission: Si nous ne l'avons pas reçu, nous vous le ferons
savoir.
Valerie
Wolf : J'ai envoyé le premier paquet à Steve Claydman, et le second à Kristin
Crotti. C'est tout ce que j'ai pu réunir en une semaine et demie. Je veux
encore insister sur la similarité des témoignages dans tout le pays. Nous
voulons tout vérifier. C'est pour cela qu'Alan Scheflin a amassé toute une
documentation depuis 20 ans, une documentation très importante. Mais nous n'avons
pas tout. Il y a encore beaucoup de choses que nous ne connaissons pas, et nous
nous efforçons de les connaître…
Le
Docteur Duncan Thomas: Est-ce que vous avez des documents concernant les
expériences avec les radiations ? Parce que la CIA nous a affirmé qu'ils
n'avaient jamais fait aucune expérience utilisant des radiations. Nous avons
donc besoin de documents précis dans ce domaine.
Claudia
Mullen: Tout ce que vous avez à faire est d'enquêter sur l'ORD (Office de Recherche
et de Développement), dont je vous ai déjà parlé. Ils utilisaient presque
exclusivement des radiations. Et ces expériences étaient dirigées par le
Docteur Steven Aldrich, par Martin Orne…
Le
Docteur Duncan Thomas: Est-ce que tout cela est inclus dans le paquet que vous
avez envoyé à Steven Claydman ?
Claudia
Mullen: Oui. Je lui ai communiqué les noms des projets, les numéros de codes,
et même les sujets des expériences. On nous donnait à nous-mêmes des numéros
pour chaque expérience. J'ai retenu le numéro qu'on m'avait donné, parce qu'ils
étaient sûrs que leurs techniques nous garderaient amnésiques. Quand nous
revenions chez nous, nous n'avions plus aucun souvenir de ce qui nous était
arrivé. Ils se permettaient donc de parler en toute liberté. C'est aussi pour
cela qu'ils ne se cachaient même pas et qu'ils ne portaient pas de masque. Ils
étaient sûrs que nous ne nous souviendrions de rien. En fait, je n'ai commencé
à retrouver ma mémoire qu'il y a deux ans.
Valerie
Wolf : je pense que vous pourriez aussi enquêter sur le Docteur L. Wilson
Greene. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de lui, mais il semble
qu'il ait été impliqué à la fois dans les radiations et dans la programmation
mentale. Certains sujets étaient utilisés pour des expériences sur les
radiations, d'autres pour la programmation mentale, et d'autres pour les deux. Je
crois que si tout cela vient au grand jour à présent, c'est parce que certaines
victimes commencent à retrouver leur mémoire. Ils pensaient bien que cela
pourrait arriver, et c'est pour cela qu'ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient
pour rendre leurs victimes amnésiques. Depuis deux ans, les gens retrouvent la
mémoire, nous entendons de plus en plus de témoignages, et nous nous efforçons
de savoir tout ce qui s'est réellement passé. Nous apprécierions donc toute
l'aide que vous pourriez nous fournir.
Chris
DeNicola : Je voudrais juste signaler au Docteur Duncan Thomas, à propos de sa
question sur les expériences avec des radiations, que j'ai inclus dans ma
documentation un dossier complet sur ce thème, intitulé : "Informations
sur le dossier radiations". J'y donne les noms des sujets, des expériences,
et les numéros de code dont je me suis souvenue. Le problème, c'est que nous
n'avons pas le moyen de vérifier tout cela sans avoir accès aux archives (de la
CIA).
Commentaires
finaux de Wayne Morris : Vous venez d'entendre l'enregistrement complet des
témoignages donnés devant la Commission d'Enquête Présidentielle sur les
expériences impliquant l'usage de radiations. Actuellement, les survivants
réclament d'autres auditions de ce genre, en particulier concernant les
expériences de programmation mentale. Nous envisageons d'interviewer Claudia
Mullen et Valerie Wolf au cours de nos prochaines émissions. Si vous désirez des
transcriptions (en anglais) de ces enregistrements, veuillez nous écrire à scw@web.net ou connectez-vous à l'adresse
suivante : www.mk.net/~mcf/ckln/ckln-hm.htm (lien mort)
Commentaire
final de Parole de Vie: Beaucoup de lecteurs ont sans doute de la peine à
pouvoir imaginer les souffrances qu'ont subies les victimes de ces expériences
diaboliques de programmation mentale. Prions pour ces victimes. Qu'elles
puissent trouver le Seigneur, seul capable de les guérir et de les protéger.
Prions aussi pour que l’Église ouvre les yeux sur ces réalités de notre temps,
et pour qu'elle soit capable de manifester l'amour du Seigneur à toutes les victimes
qui viendront se réfugier sous Ses ailes !
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